La Fontaine du Roy

Voir ici les photos de Philippe concernant notre randonnée à Beaucaire.

7.5 kms d’itinérance sur les sentiers au bord du plateau de la costière de Beaucaire en partant du mas des mourgues du grès sous le ciel bas et un peu sombre d’un automne à la température clémente.

Nous sommes 13 marcheurs réunis sous ce ciel bas et un peu sombre pour les 3 heures de marche réglementaires du mercredi, version rando santé.

L’ambiance est bonne, évidemment. Le projet de voir la tour de Béraud et de voir aussi la fontaine du Roy entretient un vif espoir. Est-il démesuré ?

Sans doute ce sera encore des monuments et des découvertes grandioses avec d’intenses émotions esthétiques comme c’est si souvent le cas le mercredi … et les autres jours aussi.

Mais quand même ce mercredi 14 novembre le ciel est bas et un peu sombre.

Après la montée de 50 mètres de dénivelé au départ de la randonnée, passage à Malatrache puis  long mouvement des troupes à l’ouest vers le mas de St André de Boschet, puis passage délicat devant le mas de Boschet neuf (route inondée par rupture de canalisation, non prévue par l’organisateur, qui s’excuse), on ne passe pas loin du mas vieux Boschet (à côté de St Paul Livourne).

Finis les Boschet on part à l’est vers Ginhouses (c’est Ginhouses, ne dites pas Gilhouses, probable erreur de transcription), on oscille entre 60 et 61 mètres d’altitude : c’est plutôt plat plat. Nous sommes sur la costière, c’est-à-dire un plat plateau formé par des galets ronds amenés par le Rhône quand il se jetait dans la mer près de Palavas, il y a moins d’un million d’années (ce n’est pas très précis mais quand même).

Et là nous arrivons à la tour de Béraud … éventrée, sans toit, envahie par une armada de figuiers, une vraie ruine. Déprime. Alors on s’approche ; ce qui reste paraît avoir été bien construit, travail bien fait, murs réguliers, épais, il reste un linteau de porte en pierre sculptée de très bonne qualité. Et surtout on apprend que la tour date du XIV° siècle (ça fait plaisir quand même, remonter 6 siècles en arrière, non , pas vous !). C’était une « tour de feu ». Explication : c’était une tour de guêt avec une garnison jusqu’à une dizaine d’hommes. Leur rôle était d’avertir le territoire de Beaucaire de l’arrivée des envahisseurs qui venaient de la mer. Il y avait un réseau de tours entre Aigues mortes et Beaucaire : on signalait ainsi de proche en proche  l’arrivée des ennemis en faisant des feux (d’où « tour de feu ») au sommet des tours, aménagées pour remplir ce rôle ; méthode simple de télétransmission d’informations.

Le bitume venu du Levant vendu à la foire de Beaucaire était un carburant de choix pour allumer ces feux car ils s’embrasaient plus facilement et plus sûrement qu’avec du bois, bois moyenâgeux en plus.

Bref, nous voilà incollables sur un tas de pierre devenu soudain l’incroyable tour de Béraud.

On déménage vers la fontaine du Roy ; pas de bol elle n’est pas en ruine mais on vient de la clôturer. On peut même pas la voir, redéprime, déjà qu’il n’y avait pas tellement grand-chose à voir au naturel (il faut bien dire que c’est surtout le site qui était beau) mais là même avec de l’imagination c’est dur de se représenter cette fontaine où St Louis, amateur de croisières (appelées croisades à son époque) aurait bu, dit on, d’où le nom de fontaine du Roy, vous l’avez compris.

Resterait plus qu’à noyer son chagrin dans l’alcool. Pardon, St Louis.

Et pas d’hésitation nous sommes invités gentiment par la propriétaire du mas des mourgues, prestigieux domaine viticole où nous avions par pur hasard et sans mauvaises pensées garé les voitures. Cette dame charmante nous avait déjà bien accueilli à notre départ de balade ;  nous avions pu rester garés avec son autorisation sur le parking de son cellier. Elle nous avait aussi  parlé du sentier de découverte aménagé autour de son domaine ; sentier que certains connaissaient déjà.

Et nous avait expliqué qu’elle-même regrettait bien la clôture autour de la fontaine du Roy ; clôture dont elle n’est pas responsable et qu’elle aimerait elle aussi faire disparaître. Pensée commune.

Visite d’une exposition de photos d’oiseaux et de plantes dans le caveau du mas des mourgues.

Retour à Beaucaire centre sous ce ciel bas et encore plus sombre d’un automne à la température encore clémente. Et feu la tour de Béraud nous contemple encore dans le rétroviseur du haut de ces 6 siècles.

Philippe.