Les marbres de Provence à Versailles au temps de Louis XIV

Conférence de Sandrine Chabre

Sandrine Chabre nous présente l’industrie du marbre sous louis XIV. La commercialisation se développe sous son règne et, pour montrer que la France possède des richesses il  développe les marbrières et l’on apprend qu’en Provence  aussi  on en exploite.
Un « ministère », sous la houlette du Duc d’Antin avec  le contrôleur général des marbres et le contrôleur général des Pyrénées et du Languedoc assistés de 5 inspecteurs régionaux (Rouen, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Sarrancolin), exploite les grands blocs de marbre venant des carrières estampillées de la fleur de Lys, donc à usage du Roi.
C’est ainsi que l’on découvre les carrières de marbres du Tholonet, appelé aussi brèche d’Alep. Ce marbre est très reconnaissable par ses inclusions plus ou moins grosses, très colorées, dans des dominantes de rouge ou de jaune.  Le marbre du Tholonet est le plus connu et le plus répandu et cette carrière a été longtemps exploitée. On en trouve encore un peu partout dans les églises, les hôtels particuliers et même les cafés (sûrement du Cours Mirabeau que nous fréquentons assidûment lors de nos sorties) d’Aix en Provence et… bien sûr à Versailles.
Pour l’accomplissement des  rêves de grandeur du roi, de faste et de luxe, d’autres carrières sont exploitées, comme celles de Saint-Maximin ou celles de Trets…  Le Portor de Saint-Maximin est un marbre noir veiné d’un jaune intense qui rappelle l’éclat de l’or mais il est exploité en petites proportions.
Sandrine Chabre est plus attachée à la marbrerie de Trets qui a été exploitée de 1684 à 1736 environ, donc très peu de temps et seulement par une seule famille : les Veyrier. De cette carrière ne sortent que des blocs destinés à Versailles car un contrat avec l’administration royale passé dès le début de l’exploitation et seuls les morceaux rejetés par le service royal des Marbres du roi peuvent  être utilisés par la famille Veyrier ou revendus à l’échelle locale. Ce marbre était jaune, couleur très prisée,  et il se vendait à un bon prix au port de Marseille. On peut retrouver quelques œuvres réalisées dans ce marbre à Aix-en Provence à la cathédrale St-Sauveur, à l’égise du St Esprit, à la basilique de St-Maximin entre autres.
Pour atteindre Versailles, le transport n’était pas aisé. Pour le marbre de Provence il devait être transporté à Marseille sur le « quai de la pierre de marbre » où il était chargé sur des bateaux qui longeaient la côte espagnole méditerranéenne, passaient par le détroit de Gibraltar pour reprendre vers le Nord et atteindre les ports de la Seine où ils étaient déchargés et embarqués sur des bateaux qui remontaient la Seine puis acheminés par charrettes  tirées par des bœufs ou des chevaux jusqu’à Versailles…