Les cascades du Sautadet

Voir ici les photos de notre randonnée à La Roque Sur Cèze.

Après la tempête de la nuit le soleil est bien au rdv du départ de cette balade aux Cascades du Sautadet. On arrive tranquillement à La Roque Sur Cèze ou Jacques s’inquiète du niveau de la rivière et nous invite à garer la voiture plus haut !
Nous nous retrouvons donc sur les chemins mi-ombragés ou au soleil mais il n’y a pas trop d’amateurs pour regarder le paysage : tout le monde est en grande conversation. Que de choses à se raconter. On marche ainsi plus de 7 km lorsqu’on arrive à Laroque sur Cèze par un axe presque inconnu de tous. Il s’agit d’un joli petit village perché sur un piton rocheux qui s’intègre parfaitement à son environnement. L’harmonie architecturale est préservée et l’on apprend qu’il est classé à l’inventaire des « Sites de France ».
On découvre les ruelles étroites et bien pentues, on monte au Belvédère, au pied du château et de sa chapelle, on redescend près de l’église mais on fait la pause sur la jolie place des marronniers.  Sur cette place le 26 août 1944, vers 10 heures du matin, le village a failli être totalement détruit par un bombardement aérien alors que Bagnols-sur-Cèze, en liesse, fêtait sa libération. De la joie pour les uns, des larmes pour les autres ! En effet, l’aviation alliée avait intensifié ses attaques afin de désorganiser le repli de la XIXe armée allemande en bombardant tous les ponts de la Vallée du Rhône. Plusieurs avions alliés allaient lâcher 6 bombes, quatre sur le village, deux sur la rive gauche de la Cèze. Gênés par les collines environnantes dans leur approche de l’objectif à détruire, la cible avait été ratée. Deux maisons ont été totalement détruites, ainsi que l’épicerie du village, l’église et plusieurs bâtiments gravement endommagés.
Aujourd’hui on ne craint plus les bombardements mais les bonnes glaces de l’épicerie fine qui s’y est installée !
La pause terminée on traverse le fameux pont Charles Martel. Doit-il son nom à Charles Martel (670-741) ? Rien n’atteste qu’il soit passé à La Roque sur Cèze.. On est toutefois impressionnés par ce pont construit directement sur le rocher. Pour résister aux assauts des crues de la Cèze, cet ouvrage, de 12 arches en plein cintre, est doté de robustes becs à l’avant et à l’arrière des piles. Les deux arches rive droite ont été intégralement reconstruites en 1613, grâce à l’aide des États du Languedoc. D’après le chartier de La Roque, le début de la construction de ce pont remonte au XIIIe siècle, avec la participation des chartreux de Valbonne. Il a été construit pour assurer le passage de la route reliant Uzès à Pont-St-Esprit. Il a une longueur exceptionnelle de 155 m, plus grand que le pont St Nicolas sur le Gardon.
On continue sur la petite route qui longe la Cèze jusqu’aux ruines du Moulin Magnin qui se trouve à la sortie des chutes du Sautadet.
Vers 1850, ce moulin a été, tout d’abord, un prospère moulin à huile et à céréales, avant d’être transformé par Pierre Magnin (fils) en moulin à ocre.« Entendez-vous le bruit de ce moteur qui fait notre bonheur ? Il monte l’eau qui coule, rousse comme l’or et qui remplit nos coffres forts». En effet, la fin du XIXe est l’âge d’or des pigments ocreux. Des gisements sont exploités à Cornillon. C’est un défilé incessant de lourds charrois arrivant et partant pour la gare de chemin de fer de Bagnols. En 1897, Magnin vend son moulin à un jeune chef d’entreprise suédois Adolphe Sylvander, qui projette d’en faire une usine de fabrication de carbure de calcium, afin de répondre au marché lucratif de la production de gaz acétylène indispensable à l’époque pour l’éclairage des villes, entre autres. Ce projet n’aboutira pas et en 1902, les bâtiments sont abandonnés. Le moulin sera repris par un certain Amédée de Pierron qui souhaitait y expérimenter des bateaux électriques. Ce projet ne se réalisera pas non plus. Ensuite, Jusqu’à la Révolution, les moines de la Chartreuse de Valbonne exploitaient cet imposant moulin bladier (à blé) et un foulon (laine et peaux. Il était entouré de plusieurs hectares de terres, où les religieux cultivaient le blé, les oliviers et la vigne.
On laisse là l’histoire du moulin pour remonter les chutes !  Plaisir des yeux. Bruit assourdissant. On est heureux d’être là ensemble à admirer ce courant aujourd’hui exceptionnel.
On profite un bon moment puis on songe à s’en retourner… juste à temps pour que des gouttes de pluie nous fassent accélérer le pas. Le déluge c’est sur la route entre Bagnols et Remoulins et puis… à nouveau le soleil.
Cotation : JB2 – 9.5 km -300 m dénivelé – 12 randonneurs.