Le Canal de Marseille et Roquefavour

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Nous devions randonner sur le massif de Ste Victoire mais des éboulements d’un côté et des sentiers en réfections de l’autre nous ont dirigés vers Ventabren.
Un joli sentier qui va droit sur Ste Victoire nous conduit tranquillement vers le Canal de Marseille… Oh ! Pas tout de suite quand même, on a eu le temps de  traverser de jolis paysages, d’avoir une vue sur la rampe du Viaduc de Ventabren, ouvrage d’art emblématique de la LGV Méditerranée qui passe au dessus de l’autoroute au niveau d’Eyguilles…
Le Canal de Marseille a été réalisé de 1839 à 1854 et il fait 80 km.
Non, bien sûr, nous ne le longeons pas sur la totalité du parcours… Mais nous avons le temps de disserter sur cet extraordinaire ouvrage édifié sous la direction de l’ingénieur Franz Mayor de Montricher.
Le chantier, structuré en six divisions, présente tous les écueils. Première difficulté, la prise d’eau de la Durance en aval du pont de Pertuis. Malgré quatre années d’observation des caprices de la rivière, une crue en novembre 1843 dévaste le chantier. Seconde difficulté, le souterrain des Taillades : 3675 mètres à creuser dans des roches trop dures ou trop friables, dangereuses pour les ouvriers. Mais surtout, les premiers puits révèlent une nappe phréatique très abondante que les hommes, les chevaux et les machines les plus puissantes ne peuvent assécher. On en viendra à bout par le percement de galeries supérieures pour évacuer l’eau par gravité. 7 années d’efforts continus pour de nombreux ouvriers, des familles entières pour la plupart immigrées. Plus en aval, le canal de Marseille doit franchir la vallée de l’Arc à 82 mètres au-dessus de la rivière sur un pont aqueduc. Cet ouvrage mobilise une armada de 280 tailleurs de pierre à ses carrières et plus de 900 ouvriers pour sa construction.
Et c’est ainsi, qu’en suivant le délicieux sentier qui longe le canal que nous arrivons au monument de tous les records !
Le pont aqueduc de Roquefavour qui s’inspire de l’antique Pont du Gard fait 375 mètres de long, 82,50 mètres de hauteur, 3 rangées d’arcades, 45 000 m3 de pierres taillées dont certaines pèsent 15 tonnes ; 7 années d’un monumental chantier.
Le 30 juin 1847, l’eau franchit enfin la vallée de l’Arc pour atteindre Marseille avec l’accueil que l’on imagine.
Dix ans plus tard les élus marseillais veulent convaincre de la fin de la pénurie d’eau en consacrant les efforts accomplis sous forme d’apothéose monumentale. C’est ainsi que sous Napoléon III la ville de Marseille réunit sous le nom de Palais Longchamp, le château d’eau, le musée des Beaux-Arts et le musée d’Histoire Naturelle.
L’œuvre est signée de l’architecte Espérandieu : aux pieds de trois allégories féminines, la Durance, le blé et la vigne, l’eau se déverse sous les sabots de quatre taureaux et s’écoule en cascade dans deux bassins successifs pour s’offrir aux habitants de Marseille et de la Provence.
Nous n’allons pas non plus jusqu’au Palais Longchamp, mais nos yeux se souviennent de ce grandiose monument découvert lors d’une autre visite…
On raconte, en marchant d’un pas léger en cette belle journée ensoleillée et avec une température idéale, comment ce canal a trouvé sa source : dans des épidémies de choléra.
A cette époque, seul le petit fleuve Huveaune traverse Marseille et son débit est bien trop faible : 75 l d’eau par jour et par habitant… ce chiffre est ramené à 1 l lors des grandes sècheresses. En deux ans 3 épidémies de choléra se succèdent et le Maire de l’époque, un certain Maximin-Dominique Consolat, décide «quoiqu’il advienne et quoiqu’il en coûte» de faire venir l’eau à Marseille.
Le 19 novembre 1849 c’est 370 l d’eau par jour et par personne pour les Marseillais !
Devant le roi des aqueducs, on se demande pourquoi il ne vole pas la vedette au Pont du Gard ?
Tout simplement car il n’est pas l’oeuvre des romains et n’est donc pas aussi vieux.
Aujourd’hui il semble tout neuf.
Depuis 2020 il était couvert d’échafaudages.
Les travaux sont enfin terminés et on peut donc profiter de le voir tout entier… Inutile de vous préciser que nous sommes impressionnés.
On le quitte pour déambuler dans l’Oppidum de Marius puis reprendre le cheminement sur de larges pistes qui nous amènent à passer… à la télévision !
Une balade tellement riche en découvertes,  avec un temps idéal ! Vraiment balade idéale….
Cotation : JN3 – 12 km – 268 m de dénivelé.