Voir ici les photos de notre randonnée au Beaucet.
Voir ici les photos de Françoise
Après une semaine de « grisaille » ce matin le soleil est de retour et nous voici dans une très jolie région : les monts du Vaucluse.
On laisse derrière nous le village du Beaucet pour rejoindre La Roque sur Pernes en grimpant sur une jolie sente. Un 1er arrêt pour un focus sur le château du Beaucet et… le Mont Ventoux !
On traverse La Roque sur Pernes en évoquant l’histoire des Banatais : Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l’Europe était en pleine recomposition géopolitique et démographique : les frontières bougent et des hommes, des femmes, des enfants quittent leur pays, moins souvent de gré que de force. Parmi eux, des dizaines de milliers de Banatais*, originaires du Banat (une région frontalière à cheval entre la Hongrie, la Roumanie et la Serbie) fuient face à l’avancée de l’Armée rouge. Parmi eux, certains s’installent dans ce petit village pour le repeupler et le reconstruire…
Maintenant nous montons encore sur un sentier étroit à l’ombre de chênes blancs, arrivés en haut les feuilles colorées brillent au soleil.
C’est une immense borie qui suit avant de prendre une large piste qui nous fait, à nouveau, admirer le Mont Ventoux et quelques habitats troglodytiques.
La lumière est belle, le Mont Ventoux nous semble très proche… il semble qu’on pourrait le toucher !
La piste s’enfonce dans une forêt puis nous atteindrons le hameau de Barbarenque, mais avant on fait notre pause repas. N’oublions pas les nombreuses friandises qui circulent ! C’est toujours un bon moment, on est heureux d’être ensemble, de discuter, plaisanter et se rappeler de bons souvenirs…
Nous arrivons à Barbarenque et l’on apprend que son nom, qui signifie « bar-b » du torrent de la rivière surnommée Barbara qui prend sa source ici et qui s’en va jusque vers St Didier. On y apprend aussi que ce hameau de Barbarenque a connu un épisode tragique durant la Seconde Guerre mondiale : cinq jeunes gens y ont été fusillés par les Nazis le 2 août 1944.
On poursuit notre aventure sur des chemins qui nous plaisent : certains sont couverts de mousse et… toujours le soleil pour faire briller les jolies couleurs d’automne. Nous trouvons un oratoire. Il est dédié à St Gens**. Sa légende nous est racontée et, plus loin on en trouvera un autre…
De là nous poursuivons sur des sentiers en sous bois, tantôt glissants, tantôt très caillouteux et… nous arrivons à la « Pelade » où nous ne nous attardons pas trop de peur d’attraper froid, d’autant que c’est le Dégoutaïre qui nous attends. On ralentit… quelques genoux se plaignent !
Heureusement nous ne sommes pas très loin du Beaucet mais… il faut tout de même grimper au château. Bon gré, Mal gré, nous y montons. Mais la-haut tout le monde est heureux. De ce château construit probablement à la même époque que celui de Beaucaire sur cet emplacement stratégique, en avant-poste des Monts de Vaucluse qui marquaient la frontière entre le Comté de Forcalquier et le Marquisat de Provence, on a un panorama extraordinaire.
Le château servait de caserne à une garnison de soldats, souvent des mercenaires italiens, qui y vivaient chichement en surveillant les alentours. Cédé ensuite par le comte de Toulouse aux évêques de Carpentras, il gardera cette vocation militaire jusqu’au début du XVII°. Il possède alors quatre tours crénelées, des habitations, une salle de garde et une prison. Très dégradé malgré tout à la fin des guerres de religion, le château a fait l’objet de diverses restaurations. Jugeant son entretien trop onéreux, d’autant que les garnisons pontificales n’y séjournaient plus depuis 60 ans et que son emplacement n’avait plus d’intérêt stratégique, il a été vendu pour devenir une habitation. En 1783, la foudre s’abat, un incendie se déclare et le ravage totalement. Tout brûle. Ne subsistent que les ruines que nous voyons aujourd’hui : quelques remparts et pans de murs, des traces du pont-levis et du fossé ainsi qu’un escalier, suspendu sur arc et taillé dans la roche, pour rejoindre le village mais… que nous n’emprunterons pas !
Nous rebroussons chemin pour rejoindre le village de Beaucet, saluer St Gens, entrer par la porte de Coste Froide, sortir par la porte de Coste Chaude et admirer la fontaine et le lavoir.
Il est temps maintenant de reposer nos jambes dans les voitures qui nous ramèneront à Beaucaire les yeux remplis des belles découvertes de la journée… A l’unanimité cette randonnée a été jugée très belle !
Cotation : 11 km – 366 m de dénivelé.
*Ces Banatais étaient des Français de Lorraine, d’Alsace et de Bourgogne qui, de 1717 à 1790, ont quitté le royaume sur l’invitation de l’empereur d’Autriche Charles VI, puis de Marie-Thérèse et de Joseph II, pour coloniser la région du Banat de Temesvar, située dans la partie hongroise de l’Autriche. Très vite ils se révélèrent des colons remarquables, transformant ce qui n’était qu’une étendue sans fin de marécages en grenier à blé de l’Europe centrale. Conservant leur unité ethnique, leurs traditions de foi et le souvenir de leurs origines, ils ont prospérés. Ils étaient plus d’un demi-million à la veille de la dernière guerre. En 1918, leurs députés, venus à Versailles, avaient demandé aux puissances alliées que le Banat devienne une nouvelle Lorraine sous la dépendance de la France. Mais le traité de Saint-Germain a divisé le pays entre la Roumanie, la Yougoslavie et la Hongrie. En 1940 beaucoup de Banatais ont donc étés obligés de s’enrôler dans les armées allemandes. A partir du 21 juin 1943, toute rébellion contre les enrôlements ont étét punie de mort. Puis, à partir de 1944, les Russes, nouveaux occupants de ces régions, ont pris à leur tour des mesures contre les Banatais, qui ont été massacrés, fusillés ou déportés. Le travail de deux siècles était anéanti.
Ils ont donc été obligés de quitter le Banat… Pour certains c’était le retour en France, dont un petit groupe s’est installé à La Roque Sur Pernes.
** St Gens.
A cette époque, lors de la fête de Saint-Raphaël à Monteux, une procession se rendait à la chapelle du même nom, puis, après des prières pour obtenir la pluie, les Montiliens plongeaient sa statue dans l’eau du ruisseau tout proche. Gens s’insurge contre ces pratiques païennes et brise la statue. Il est alors chassé à coups de pierres par les habitants de Monteux.
Il part sans destination précise, simplement accompagné de deux vaches. Il se dirige vers Venasque et s’arrête finalement dans le val rocheux du Beaucet qui n’est alors qu’un désert sauvage et inculte. Il recherche la solitude, vit du travail de la terre et prie pour la conversion des Montiliens.
Un jour, un loup dévore une de ses vaches. Gens apprivoise la bête et l’attelle avec sa dernière vache. C’est son premier miracle.
Pendant ce temps, à Monteux, pas une goutte d’eau. La mère de Gens part le chercher. Il refuse tout d’abord de revenir dans sa ville natale mais, après avoir prié, décide de la suivre. En chemin, sa mère lui demande à boire. La légende dit que Gens, de l’index, fit alors jaillir de l’eau et du vin du rocher situé à la limite du vallon. C’est son deuxième miracle.
Après que sa mère lui ait demandé d’assécher la fontaine de vin, qui serait source de malheur alors que celle d’eau est bienfaitrice, Gens retourne à Monteux et, après une procession autour de la ville, la pluie tombe. C’est son troisième miracle.


