Voir ici les photos de Françoise concernant notre randonnée à Jonquières St Vincent.
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Maintenant nous avons l’habitude, le premier groupe part, puis lorsque tout le monde est au rdv c’est autour du second.
C’est en prenant le joli chemin de Font Couverte que nous retrouvons le plateau des Sayardes pour rejoindre la fontaine de Pavie. Certaines n’étaient pas revenues dans ce lieu enchanteur depuis des années c’est donc avec plaisir qu’elles retrouvent le clapotis de l’eau et le jeu des lumières à travers les feuilles des platanes.
Vous l’avez donc compris il n’y a que des filles à cette balade !
Nous continuons par la Palud où règne une activité agricole bien active. On rencontre une maman avec son fils : peut-être pratiquent-ils le géocaching car un peu plus loin nous trouvons une pierre peinte !
Il fait un très beau soleil, le ciel est bien bleu mais l’air est frais surtout que le Mistral est présent même s’il est discret : temps idéal pour randonner.
Nous arrivons à la chapelle St Laurent. Elle est le dernier vestige d’un hameau de pêcheurs dont elle était l’église jusqu’au XIVe siècle. Pour en savoir un peu plus, il faut remonter à la fin de l’Empire romain où Wisigoths, Arabes puis Francs se disputent la région. Les dernières armées sarrasines sont écrasées au bord du Gardon dans la commune voisine de Montfrin par Charles Martel en 730. La région passe ensuite sous le contrôle carolingien. A l’Est de Jonquières, au pied des collines qui séparent Jonquières et Beaucaire, une dépression formait un petit lac entouré de roselières qui donnent le nom à la commune (Jouquiero en provençal et juncaria en latin signifient : lieu couvert de jonc). C’est là qu’un village de pêcheurs s’était créé sur sa rive vers l’an 1000 : Saint-Laurent-de-Jonquières. Ce sont les habitants de cette commune qui ont bâti la chapelle du prieuré de Saint-Laurent-de-Jonquières qui appartenait à l’abbaye bénédictine de St Roman l’Aiguille avant d’être rattachée à celle de Psalmodi. Plus tard, vers le XIIe siècle un village de vignerons se construit : St-Vincent-de-Cannois. C’est sur la colline entre St Laurent et St Vincent que les habitants se regroupent et de St Laurent ne subsiste que la jolie petite chapelle romane.
Vers Font Barrièle les conversations sur le gel de ces derniers jours reprennent : figuiers, vignes, abricotiers ont tous des blessures malgré les « bougies » installées au pied des plantes.
A Bieudon on décide d’aller repérer les bornes milliaires d’Auguste, d’Antonin, de Tibère et la base de l’époque républicaine romaine. Nous sommes au XIIIe mille de la Voie Domitienne. Nous découvrons l’histoire de cette route. En retournant sur nos pas les conversations sont intarissables ! Nous allons être au top de l’histoire romaine en arrivant au XIIe mille… nous trouvons la borne milliaire qui a été transformée en calvaire, plus tard, par les chrétiens.
Maintenant nous quittons cette voie historique (notez bien que du XIIIe au VIIIe mille, le tronçon est classé monument historique) pour nous diriger vers les Nogarettes où le paysage devient misanthrope et les sentiers plus rustiques. La vue y est aussi aérienne sur la plaine du Gardon.
Nous redescendons vers la Tombe, puis retour sur la Voie Domitienne pour aller faire notre pause déjeuner dans la « mutatio » repérée lors de notre dernière rando. Bien installées à table ou à lézarder au soleil à écouter le chant de grenouilles de la source de Fontanille, nos yeux se portent sur les Alpilles qui se découpent à l’horizon, à moins que nous refaisions le monde dans de joyeuses plaisanteries !…
Nous reprenons pour aller voir la borne d’Auguste et un fragment d’un milliaire de Tibère au Xe mille. Allons calculons. Du XIIIe mille au Xe mille combien de kms avons-nous parcouru ? Il nous aurait fallu le demander à Charles Virgile de la Bastide qui, pour connaître la longueur du mille romain a eu l’idée de mesurer la distance entre le Xe et le IXe mille.
Là, nous laissons la Voie Domitienne aller jusqu’à la « Colonia Augusta Nemausis » capitale des Volques Arécomiques pour faire demi-tour et nous diriger vers Jonquières en traversant une zone sportive avant de trouver un chemin secret qui nous amène aux Moulins des Aires. On imagine qu’au Moyen-âge ils devaient bien être esseulés mais aujourd’hui ils sont bien entourés dans un lotissement. Ils ont été rénovés et sont en état de marche. Il s’agissait, autrefois, de moulins à farine de blé alimentés par les cultivateurs de Jonquières et de la Terre d’Argence.
Nous sommes intrigués par ce qu’il nous semble, de loin, être un minaret. En fait il s’agit de la Tour de l’horloge qui surplombe l’église paroissiale de St Michel.
Nous pouvons, plus loin, admirer la fresque dédiée à Mistral et Daudet et puis, autre questionnement : l’architecture de l’Hôtel de Ville ? C’est à son maire « bâtisseur », Théophile MICHEL, élu en 1888, que Jonquières Saint Vincent doit son étonnant et majestueux hôtel de ville. En pleine crise viticole, il confie à l’architecte nîmois Auguste AUGIERE la conception de cet édifice aux allures de château médiéval. L’Hôtel de Ville est inauguré en grandes pompes le 30 août 1903 par Gaston DOUMERGUE.
Vous l’avez bien compris, nous aimons bien, à l’occasion de nos randonnées, découvrir ces villages près de chez nous mais en fait que nous ne connaissons pas…
Notre circuit arrivant à son terme nous nous dirigeons vers l’étonnante structure d’acier du « Marché Couvert ». Pourquoi cette immense construction ? Cette construction démesurée pour un village qui comptait à peine plus de 1.300 habitants en 1933. Cette année-là, sous la pression unanime des producteurs jonquiérois, la municipalité de Germain PELLET achète plus d’un hectare de terrain pour y installer le marché à raisins de table, et le couvrir. Une enseigne est peinte sur le bardage du fronton Est : « Aux chasselas de Jonquières Saint Vincent ». Deux grappes de beaux raisins blancs ornent le fronton Ouest. Pendant une trentaine d’années, le marché a connu un réel succès : on y a commercialisé jusqu’à 200 tonnes de marchandises par jour, avant que la création des marchés d’intérêts nationaux, à Chateaurenard et Cavaillon, ne précipite le déclin de ce petits marché local.
C’est ici que le premier groupe s’est séparé, c’est ici aussi que nous nous séparons, bienheureuses de l’aventure historique vécue au long de cette randonnée !
Cotation : JB3 – 16.5 km – 168 m dénivelé – 11 randonneuses (Betty, Irène, Michèle E., Marie-Jeanne, Eliane, Brigitte, Catherine, Françoise, Martine, Patricia, Michèle)