Nous voici à Montpellier par cette belle journée ensoleillée : ses fontaines, ses hôtels particuliers…. Un moment de détente pour un petit café, un petit tour sur le marché et c’est l’heure de notre visite guidée !
Heureusement que Claire-Lise nous avait déjà mis dans le bain avec sa conférence sur Francis Bacon… Nous avons ainsi pu suivre notre guide au Musée Fabre avec intérêt. Cette excellente guide nous a raconté que Francis Bacon et Bruce Nauman appartiennent à deux générations distinctes et deux contextes artistiques différents.
Le premier, peintre anglais d’après-guerre a développé un expressionnisme singulier mais nourri de références à la tradition picturale que nous pouvons bien reconnaître lors de la visite,
Le second, artiste américain, est dès les années 1960, pionnier de l’art vidéo et explore les mediums les plus divers (sculptures, néons, installations…) mais, comme on nous le dit bien, tous les deux conçoivent l’art comme expérience et chacun a développé des thématiques communes.
Ils placent le corps au centre de leur travail comme à la fois matériau premier et motif, ils l’appréhendent pour sa plasticité et sa charge d’empathie, ses possibles déformations ou transformations, qui génèrent auprès de nous une sensation, à priori, de malaise et de violence. Ils sont tous deux incontournables de la modernité des XXe et XXIe siècles.
Notre guide nous parle beaucoup de thématique Cadre/Cage, Mouvement/Animalité, Corps/Fragment, Piste/Rotation, Portrait/réflexion.
Art Make up, (1967/1968) de Bruce Nauman, notre guide nous dit qu’il applique minutieusement des couches successives de couleur sur le haut de son corps, visage compris. Du blanc, puis du rouge, du vert et du noir. Comme un acteur se grime avant d’entrer en scène, ou Nauman se maquille comme s’il se recréait lui-même. Son corps est une toile, ses mains reproduisent les mouvements du pinceau. Cette œuvre renvoie à l’acte même de peindre….
In Memory of George Dyer (1971) de Francis Bacon, raconte le suicide de George Dyer son amant depuis 8 ans. Il s’agit d’une oeuvre différente que celle que nous avait montré Claire-Lise. Il s’agit du triptyque qui inaugure la série des « triptyques noirs » dans lesquels Bacon se confronte à la mort de Dyer. Ici il procède à une déconstruction de l’acte de peindre : les images nous échappent, les corps s’effilochent. Au centre sûrement la cage d’escalier de l’immeuble où Dyer s’est suicidé, sa silhouette fantomatique insère une clé dans la serrure d’une porte marquant le seuil entre la vie et la mort. Il regarde par-dessus son épaule comme pour inclure le spectateur dans la scène. Dans le panneau de droite son portrait peint est tourné de l’autre coté, captant notre regard hors du champ avant de le renvoyer dans son reflet qui s’étale sur une table. Le panneau de gauche montre un corps recroquevillé, figure compacte d’un boxeur tendue en un spasme défiant les règles de l’anatomie….
C’est un peu ainsi que est racontée chaque œuvre de Francis Bacon et Bruce Nauman par notre guide. On écoute, on essaie d’enregistrer car avoir la clé d’une œuvre change tout, vraiment !
Même si nous ne sommes pas habitués à ce genre d’art, c’est une belle visite qui nous interpelle absolument et qui nous ouvre l’esprit… C’était un peu le cas lorsque nous avions visité l’exposition « Les Papesses » en novembre 2013 au Palais des Papes à Avignon. Sur le moment on se recule un peu et… puis longtemps après notre cerveau assimile ce qui au départ nous repoussait et à la suite on se dit qu’ils sont forts ces artistes !
Vraiment dommage qu’il y ait eu si peu de participants à cette sortie… et, bienheureux ceux qui ont eu le privilège de parcourir cette exposition !
1 visite guidée de l’Expo – sortie co-voiturage – prix 5 €/personne visite guidée et entrée comprise – 11 personnes.