Voir ici les photos de notre randonnée à Beaucaire
Le Limaçon, quelle drôle d’idée de donner ce nom à une randonnée ? C’est en dissertant sur cette question que nous longeons le Rhône… Le Rhône lieu d’échange des peuples depuis l’antiquité. Le Rhône qui transportait au moyen-âge des cadavres avec des pièces entre les dents pour payer les Moines chargés de leurs sépultures aux Alyscamps car ils voulaient être ensevelis auprès de Saint Genest à Arles.. Le Rhône qui est à l’origine du cadre naturel de la ville de Beaucaire ! On est sur l’ancien chemin de halage ou tous les amoureux de la ville aimaient se retrouver au pied des Cinq Platanes pour échanger leurs premiers baisers !
Sur la gauche on ne manque pas de repérer les prés du domaine de Prémont. Ici a eu lieu la fête de la Fédération, décalée à la fin du mois de juillet 1790 : dès le matin du 30 juillet des milliers de spectateurs beaucairois, marchands et visiteurs encore en Foire, se sont massés sur les collines pour jouir d’un spectacle sans précédent. Dans ces prés verdoyants bordés par le Rhône, les délégations civiles et militaires arrivées la veille des différentes régions ont formé un impressionnant défilé qui au son des fanfares se sont avancées pour prêter serment au pied de l’autel de la Patrie et jurer fidélité à la Nation, à la loi et au roi (selon les chroniques locales cette manifestation a rassemblé près de 30 000 personnes).
Nous traversons la route pour rejoindre la « voie verte » jusqu’au Limaçon.
Si on se réfère à l’Histoire Naturelle Générale et particulière des mollusques terrestres de André-Etienne-Just-Pascal-Joseph-François d’Audebard baron de Férussac, depuis que les Grecs ont colonisés Marseille ils sont devenus amateurs d’un limaçon qu’ils n’avaient peut-être pas encore reconnus chez eux. L’hélix naticoïdes est effectivement cherché en Provence comme un mets délicat. On le vend dans les marchés, on le porte en foire de Beaucaire avec plusieurs autres limaçons. On l’envoyait même aux îles avant l’interruption du commerce colonial comme les anciens l’expédiaient à Athènes et à Rome. Ce limaçon avec un nom très savant d’Hélix naticoïdes est donc très connu en Provence où on le nomme familièrement le « tapada ». D’après des recherches plus poussées le tapada, aurait pour nom scientifique Helix melanostoma qui est une espèce d’escargots proche de l’Escargot de Bourgogne (Helix pomatia) et du Petit-gris (Helix aspersa aspersa). Et le Limaçon dans tout cela ? Le limaçon est un lieu-dit de ce coin de Beaucaire, tout simplement.
Nous continuons notre marche pour atteindre le bas de l’Abbaye St Roman.
On fait une pause fleurette avant de rejoindre le GR qui nous conduit dans un chemin pastoral bordé de genêts qui ne sont pas encore en fleurs bien sûr, mais ou rôde un air franchement printanier. Le ciel est bleu, on est tous en Tshirts, le bonheur de nos retrouvailles est à son comble.
Nous rejoignons ainsi les Regagnons avant de traverser la Rocade et, après l’assaut d’une raide montée nous nous retrouvons au panneau qui nous indique le chemin de Gaudon. Ce quartier tire-t-il son nom de la culture de la gaude (ou réséda), plante qui aime les rocailles, longtemps protégée et qu’il est toujours interdit de cueillir ? Cette plante était cultivée pour la teinturerie et était appelée communément Herbo dei Jusions, car « elle donnait la couleur jaune que les juifs étaient obligés de porter autrefois dans ce pays, et d’en faire teindre leur chapeaux ou la rouelle*. » En fait ce serait par rapport au fait que le quartier juif se trouvait à cet endroit que le quartier Gaudon porte ce nom…
Nous avons maintenant une belle vue sur Beaucaire et le chemin qui nous ramène à la voie verte nous offre un panorama sur le Mont Ventoux, le massif des Alpilles et le Rhône qui s’étire largement à nos pieds.
Nous revenons par le Sizen, l’école St Félix et le soleil est toujours bien présent lorsque nous nous séparons sur le parking, un peu fatigués certes, mais tellement heureux d’avoir partagés ces beaux sentiers.
Cotation : DJB2 – 11.3 km – 244 m dénivelé – 11 randonneurs (Christian, Jocelyne, Solange, France, Monique, Cécile, Michèle E., Jean-Marie, Betty, Philippe, Michèle N.)
* La rouelle, ou la roue, est une petite pièce d’étoffe dont le port ostensible a été imposé aux juifs comme signe vestimentaire distinctif par les autorités civiles. Découpée en anneau, elle symboliserait les 30 deniers de Judas selon l’interprétation traditionnelle.