Voir ici des photos de notre randonnée à Roquemaure.
Voir ici les photos de Sylvie
Enfin le soleil et des températures positives ! Mais.. le Mistral souffle fort et nous gardons nos bonnets !
Qui a deux bonnets ?
Vous comprenez que les rires et les plaisanteries sont là dès le matin.
On se retrouve à Roquemaure et aussitôt on cherche des brassadeaux. Ce sont les gâteaux de la St Valentin. Nous n’en aurons point car ils ne seront vendus qu’à partir de demain. En effet, le dimanche le plus proche du 14 février a lieu la Fête des Amoureux à Roquemaure. Le village se prépare donc pour cette fête assez particulière.
On file vers l’île de Miemart. Les chemins sont boueux, beaucoup de flaques d’eau, on a le bruit de l’autoroute et… en plus ici et là des décharges sauvages !
Rassurez-vous, personne n’est malheureux : les pistes sont larges et les conversations camouflent tout les désagréments.
On arrive au niveau du Rhône. Là on a la surprise de voir une plaque commémorant le «Train Fantôme»*.
Moment de recueillement.
Nous poursuivons, toujours en longeant le Rhône, mais après la courbe la forêt nous coupe le vent. On se sent mieux.
On monte sur la digue pour voir en face le Châteauneuf du Pâpe et son château du Pape ruiné, mais en face de nous le château de L’hers qui a été, durant tout le Moyen-âge un poste de surveillance et de péage sur le Rhône. Les péages ont été abolis avec l’abrogation des privilèges au cours de la Révolution Française.
Nous arrivons à Roquemaure où nous tombons tout de suite sur les vestiges du château de Raymond VI comte de Toulouse dont il ne reste que 2 tours sur les 7 du château d’origine : la tour carrée, dite « des Carthaginois », tour de guet avec ses murs de 1.5 m d’épaisseur, ses 3 niveaux habitables, sa terrasse sommitale pour contrôler le trafic fluvial sur le Rhône. On la voit de loin, elle fait plus de 40 m de hauteur. Le tour « de la Reine » qui a accueilli Marie de Bretagne, épouse du Duc d’Anjou, gouverneur du Languedoc. On y voit un escalier hélicoïdal.
On fait notre repas sur la place de la Pousterle, à l’abri du vent, au soleil, on n’est pas si mal. Mais, voulant prolonger nos bons moments on décide d’aller boire un café… au café d’en face.
Au retour on passe devant la Collégiale. Clément V s’est installé à Avignon en 1309 confie le bénéfice de l’église au neveu de Jacques de Duèze, promu Cardinal évêque d ‘Ostie qui juge cette église trop petite et peu commode, il décide d’en bâtir une autre plus grande sur un terrain appelé «Jardin du Roy». Elle ne sera terminée qu’au XIXe siècle.
L’église comprend un orgue unique au monde classé aux monuments historiques.
On ne peut pas y entrer mais on suppose qu’elle renferme les reliques de St Vincent… Jackie nous raconte « En 1866 le phylloxéra débute en France dans la région de Pujaut et Roquemaure, décimant les vignes et l’économie. En 1868, pour conjurer ce mauvais sort, Maximilien Richard, riche propriétaire du château de Clary, domaine viticole au sud ouest de la commune de Roquemaure, se rend à Rome. En octobre 1868, il revient avec des reliques d’un Saint, St Valentin. Il est accueilli au château de Clary par une foule en liesse ».
Dimanche aura lieu la procession de ces reliques. En face de la collégiale une belle demeure avec de magnifiques fenêtres à Meneau et nous sommes passés devant la Mairie dont le bâtiment a été aménagé sous le règne de Louis XV.
Si on ajoute les premiers habitats préhistoriques dès le paléolithique supérieur, les traces des commerçants grecs, le possible passage du Rhône par Hannibal à Roquemaure et plusieurs vestiges moyenâgeux, on voit vite que Roquemaure est le centre du monde en plus d’être la capitale des Amoureux ce jour de la Saint Valentin. Amoureux des vieilles pierres et vieilles légendes… Mais pas seulement !
Cotation : 8.5 km + la visite.
*Parties en train le 30 juin 1944, depuis le camp de concentration du Vernet en Ariège, vers le camp de Dachau en Allemagne, 730 personnes allaient vivre un calvaire , lors de ce trajet initialement prévu pour 3 jours et qui allait au final prendre 8 semaines… L’ histoire et les mémoires de ces déportés-résistants du Train Fantôme nous rappellent à la réalité de ces prisonniers, dont 62 femmes, issus de plus d’une dizaine de pays d’Europe, de cultures, d’origines sociales différentes. Une diversité de sensibilités, de cultures et de confessions : juives, musulmanes, catholiques, protestantes, athées… qui ont eu pour point commun d’avoir été désignées comme ennemies de la France par le régime Vichyste. L’État français, au nom de motifs politiques, a concouru à leur entassement de force dans des wagons à bestiaux. Ce n’est que 8 semaines plus tard, soit le 28 août, que le Train Fantôme est arrivé à destination. À chaque obstacle rencontré, à chaque sabotage de lignes ou attaque arienne, un autre train vide reconstitué à l’identique se tenait prêt à partir sur le quai le plus proche… Parmi ces plus de 700 déportés résistants, parmi cette humanité lancée sur les rails d’une haine infernale, des hommes et des femmes ont pu s’évader.
Le 18 Août 1944, le point où nous nous trouvons a été une étape dans ce voyage funeste.
Le pont enjambant le Rhône a été partiellement détruit, le convoi a été empêché de poursuivre sa route. Les Allemands ont décidé de transférer les prisonniers à pied sur l’autre rive du Rhône, de la Gare de Roquemaure à la gare de Sorgues. Ces derniers ont dû abandonner leurs bagages et porter ceux des Feld gendarmes et des SS jusqu’à Sorgues.