Voir ici les photos de notre randonnée à Aubagne.
Voir ici les photos de Marie-Chantal
« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers » nous dit Marcel Pagnol dans la Gloire de Mon Père.
Il est 10h00 passé lorsque nous arrivons au parking du puits de Raimu.
Beaucoup de monde ! On a le temps de papoter avec d’autres randonneurs, certains sont nés à Remoulins, Montfrin ou ont travaillé à Beaucaire.
Nous passons près du Mas de Massacan : nous avons, bien sûr, du mal a reconnaître ou s’est pendu Ugolin dans « Manon des Sources »… Depuis l’époque du tournage, en 1952, de nombreux propriétaires successifs l’ont passablement transformée.
Nous sommes dans les collines et nous arrivons bientôt au pied des Barres de St-Esprit. Une petite forêt de pins entoure maintenant notre sentier qui nous amène au vallon de Marcellin. Marcel Pagnol avait acheté ce vallon de Marcellin en même temps que les collines environnantes peu de temps après le tournage de « Joffroi » en 1933. Il paraît qu’ici, en ce lieu solitaire, lorsque le Mistral se met à souffler, il souffle… à l’envers !
Nous arrivons à la « Ferme d’Angèle » ou… ce qu’il en reste.
En 1934 Marcel Pagnol pour les besoins de sa production, achète cette ferme encore en bon état, où doit se tenir le décor de son film. Il l’a restaure et crée de nouveaux bâtiments : la chambre de l’héroïne, une écurie, un hangar. Il faut pouvoir installer les projecteurs, il faut pouvoir placer la caméra… Lorsque l’équipe découvre la maison, elle la trouve superbe : le maçon et ami de Pagnol, Marius Brouquier a fait un excellent travail. Le tournage peut commencer. Il vient du monde de partout pour y assister… L’ingénieur du son aura dans quelques temps de gros problèmes : les cigales chantent trop fort, il faut frapper les troncs d’arbres pour les faire partir… Pagnol se dispute sans cesse avec un jeune comédien : Fernandel et… regrette sans cesse de l’avoir embauché pour ce film ! Mais, dans l’ensemble on ne travaille pas, on s’amuse, on fait des parties de pétanque ! Marseille va pourtant accueillir la première d’ « Angèle » le mercredi 12 septembre 1934 avec grand enthousiasme et quelques critiques vont faire triompher cet acteur capable de faire rire et émouvoir : Fernandel.
On se pause un instant dans ce vallon qui a retrouvé sa quiétude et les cigales n’ont pas encore fait leur apparition…
En levant les yeux sur la droite nous distinguons un squelette de briques accroché aux Barres de St Esprit : la maison de Panturle, le héros de « Regain ». Tout là-haut se trouve le décor d’un autre film, d’une autre histoire, d’une autre aventure. Mais aujourd’hui il ne reste rien d’Aubignane.
Du col nous apercevons Marseille, la « Bonne Mère » et la mer…
Nous montons au Garlaban. « Le Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues plantées au bord du Plan de l’Aigle » dit Marcel dans « la Gloire de Mon Père ».
L’ascension est tout de même assez sportive : ça monte et par endroit il y a de gros rochers à dépasser, mais nous sommes tous bien en forme et l’ascension se fait sans difficulté bien que quelquefois il nous faille nous aider des genoux. On surplombe le vallon du Passe-Temps puis le cirque des Piches. On trouve la Baume de Manon (ou du Plantier) et en face, un peu plus haut, à l’entrée du vallon des Piches la Baume de Passe-Temps, en levant les yeux on pourrait presque voir la grotte du Grosibou au pied du Pic du Taoumé qui nous fait de l’œil en fonction de l’angle de notre chemin…
Au col on fait notre pause repas : plein de délicieux gâteaux circulent. Merci pour ces douceurs.
Ensuite c’est quelques centaines de mètres de grimpette.
Mais quel spectacle !
Près d’une table d’orientation, une haute croix érigée à l’emplacement d’une petite chapelle détruite à la Révolution.
Quel somptueux paysage s’étend à nos pieds !
Tout en bas le clocher d’Aubagne, la longue vallée de l’Huveaune et en face le massif de la Sainte Baume…
On savoure en cœur, avec délectation en regrettant un peu qu’il n’y ait pas un peu de Mistral pour dégager la brume qui arrive sur Marseille.
Chacun de nous est heureux de se trouver là, aujourd’hui, par ce temps splendide, quelle chance on a !
La descente se fait ensuite tranquillement sur la piste du Draîoulet. Attention à ne pas déraper ! Argellas et globulaires égaient cette belle piste qui déroule, à nos pieds, une vue imprenable sur Marseille, la bonne Mère, Marseilleveyre et, bien sûr, la mer !
La brume tombe mais cela donne une ambiance assez particulière.
Arrivés au col d’Aubignane on fait une dernière pause et on rentre tranquillement au Puits de Raimu par la Font de Mai.
A l’unanimité, on est tous heureux d’avoir passé cette belle journée, dans les collines, en compagnie de Marcel Pagnol !
Cotation : JB2+ – 11.5 km – 452 m de dénivelé.