Voir ici les photos de Daniel P. concernant notre séjour dans l’Aubrac.
Après le plaisir de se retrouver, de s’installer, la route est quelque peu difficile : pluie, brouillard. Mais il en faut plus pour « saper » notre moral. D’ailleurs notre pique-nique à Nasbinals est ensoleillé et nous n’avons plus qu’à partir sur les sentiers. Nous croisons la stèle d’un accordéoniste et puis nous voici sur des chemins bordés de pierres, de vaches et de fleurs. Nous arrivons à un point de vue sur le lac des Salhiens, le bois de Rabiols, les montagnes de Peyrou et cap Combattut, lou Rajas, le signal de Mailhebiau, les puechs d’Alte-Teste, du Téron et de Crémat. Après le lac des Salhiens se trouvent des tourbières aux tremblants dangereux. Nous sommes toujours bien ensemble pour passer les chicanes et accéder à la falaise de la cascade du Déroc. C’est la plus haute de l’Aubrac et il s’agit du déversoir du lac des Salhiens qui fait ici une chute de 32 m de haut. Cet aplomb remarquable est dû à l’érosion glaciaire qui, en creusant la petite vallée des ruisseaux des Plèches et de Gambaïse a du même coup tranché cette coulée. On ne peut pas descendre voir la cascade du bas et sa grotte qui était un repaire de brigands qui s’attaquaient aux marcheurs voyageurs et aux pèlerins de Compostelle… : c’est interdit. Rassurés nous nous dirigeons vers Montgousset puis nous atteignons Montgros avec de belles vues sur le puy d’Aubraquet, le truc de Finiols, les monts du Cantal et les plateaux vers Grandvals et Brion, plus loin nous apercevons Nasbinals au pied de Notre-Dame-de-la-Sentinelle. La balade était bien ventée mais la douce chaleur du soleil sur les épaules nous a bien accompagnée.
L’installation dans notre hébergement s’effectue rapidement, une bonne douche et nous voici attablé devant un bon repas qui ne faillit pas à la renommée régionale.
Douce nuit pour tous.
Voir ici les photos de notre randonnée « La Cascade de Deroc »
Ce matin, après un petit déjeuner bien garni (charcuterie et fromages de pays, viennoiseries, fruits, tartines…) nous constituons deux groupes. L’un se dirige vers Prades d’Aubrac avec Philippe, l’autre à Saint-Chély-d’Aubrac avec Michèle.
Pour le groupe de Philippe, la balade commence à la station de ski de Brameloup. Quelques petits immeubles et des commerces en vente. La neige ne doit pas toujours y être abondante à 1200 m. On descend une pente herbeuse, piste verte ; on croise des départs de deux remonte pentes à gauche ; à droite un bar, ouvert mais la journée ne vient que de commencer. Il faut avancer point barre ; point bar.
La forêt de hêtres, des morceaux de marbre blanc et rouge par terre (des petits morceaux), et nous traversons Tournecoupe et approchons du lac des Picades.
Petit instant de ravissement : au bord du lac un îlot se dégage avec une jolie passerelle en bois, une prairie avec un banc en bois et quelques arbres dont un érable rougeoyant entouré de conifères ; le bleu gris de l’eau, le gris du ciel, le rouge de l’érable, la prairie bien verte, le pont en bois : photo du tableau de paix et de rêve.Le lac est rond et on l’a découvert au dernier moment car il est au milieu de la forêt.
Revenir l’hiver ou au printemps à pied ou en raquette (et avec les pinceaux et la toile ou le Canon).
Ça monte ensuite, il y a du vent : et en plus c’est un endroit qui s’appelle les treize vents. On longe un terrain où des vaches et un taureau broutent ; l’agriculteur ne peut nous dire l’âge du taureau car on le lui a prêté, peut être échange culturel Erasmus.
Puis la Devèze des treize vents ; traversée de la D219, Le Bru, montée vers le Pic de Born.
Arrêt repas tiré des sacs au bord d’un chemin au vent. Belle vue vers le sud.
Passage un peu involontaire dans la forêt avant de rejoindre le chemin de crête vers le pic de Born.
Mais c’est bien comme ça car certains voient des biches ; quelques uns voient l’arrière train, certains la tête, certains ni la queue ni la tête.
Déception car bien qu’il n’y eut aucun doute que nous fûmes au Pic de Born (présence d’une borne géodésique, certes déterrée!), la vue promise n’est pas au rendez vous : la hauteur et la densité des arbres nous empêchent d’admirer le panorama promis. Adieu la vue sur la vallée du Lot, sur le village d’Aubrac.
Descente par la piste de ski ; c’est une rouge, bâtons nécessaires : il y a un « mur » au milieu de la piste (nos genoux le confirment).
Passage aux sources de Brameloup ; certains boivent à la source directement. Ça marche ils se mettent à bramer.
On arrive aux voitures.
C’est la fin d’une belle balade avec tous les accessoires : prairie, forêt, ruisseau, lac, vent, vaches, taureau, biches, pic, source et vestiges archéologiques d’une station de ski avec un bar ouvert le matin mi octobre.
L’éclairage était variable ; quelques éclaircies.
Le groupe de Michèle visite tranquillement St-Chély-d’Aubrac, village-étape des pèlerins de Compostelle. D’ailleurs quelques souvenirs resurgissent de notre passage en 2014 (voir ici les photos de notre étape St-Chély-d’Aubrac/St-Côme-d’Olt)
C’est donc avec émotion que nous traversons le fameux pont des Pèlerins et sa croix pour monter sur une petite route que nous traversons pour accéder à un chemin en partie pavée. Durant un bon moment nous allons nous élever dans une magnifique forêt de chênes et de hêtres. Une première éclaircie nous permet d’apercevoir le neck de Belvezet très en hauteur (Le puech de Belvezet est un volcan installé sur un socle de micaschistes à mica blancs. Il a été à l’origine d’un cône de scories avec un cratère assez solide pour contenir sans s’effondrer un lac de lave qui s’y refroidit. L’érosion a dégagé la lave dure en même temps qu’elle a gommé les flancs du cône. La protubérance obtenue est appelée « neck ».) mais que nous gardons en ligne de mire. Quelques éclaircies qui nous permettent de le suivre lors de cette montée dans de jolis chemins bordés de pierre et de mousse. Nous profitons de chaque pas tant nous sommes heureux de nous retrouver là au milieu de cette nature rare dans la région de Beaucaire. Nous arrivons ainsi à la ferme typique de Verminière où nous réalisons que notre phare est… en dessous de notre niveau !
C’est encore un magnifique chemin sous de grandioses tilleuls, puis de noisetiers et noyers qui nous mène aux Enfrux où nous dégustons notre délicieux pique-nique de pays. On visite ce beau village typique aux maisons de pierres et jolies fontaines mais nous constatons qu’il est pratiquement désert. On le quitte en se rhabillant car nous sommes à plus de 1100 m d’altitude, en crête et le vent nous surprend. Lorsque nous rejoignons la voie romaine, nous pouvons enlever quelques « pelures » et profiter de notre nouveau guide… Une vache nous conduit (non… ce n’est pas Michèle !) dans cette portion de la via Agrippa (voie par laquelle les romains reliaient Lyon à Bordeaux) : elle nous attends, nous montre les fantastiques points de vues qui poussent jusqu’au Sud de l’Aveyron et du Lot, les belles fleurs qui longent cette voie et bien sûr ses congénères qui se prélassent dans leurs pelouses bien tondues.
Nous la quittons au bout de 2 ou 3 kms, pour rejoindre La Devèze et admirer la ferme typique des Clamens avant de redescendre à nouveau par la forêt qui nous conduit à St-Chely-d’Aubrac par une sente bien raide. C’est un groupe heureux, très heureux de cette belle balade qui rejoint la route, mais… au croisement de notre chemin du départ, l’émotion sans doute, Pierre pose malencontreusement son pied sur le bord meuble et fait une chute impressionnante. Blessé il est vite soigné sommairement, mais efficacement par Christian (Médecin) avant d’être rapatrié sur Nasbinals où après être passé dans une pharmacie il est aux petits soins de Martine (Infirmière).
Nous nous retrouvons tous ensemble au repas pour raconter les nombreux évènements de la journée autour de Pierre en pleine forme !
Voir ici les photos de la randonnée « La voie Romaine » au départ de St-Chély-d’Aubrac.
Aujourd’hui il pleut. Pierre est tout sourire, nous partons donc à Laguiole visiter une coutellerie. Visite du musée, de la forge, de l’outillage, animations pédagogiques, brefs nous savons tout sur le fameux « couteau Layole» avant de passer un moment au magasin !
Après nous revenons à Nasbinals où une salle est réservée pour notre pique-nique à cause de la pluie. Un bon café et nous pouvons rejoindre notre guide de l’après-midi. C’est un guide de haute montagne qui doit nous faire apprivoiser le haut plateau de l’Aubrac d’antan. « D’une altitude moyenne de 1 200 m à 1470 m ce plateau répète un horizon doux-amer de formes sans hardiesse qui est le résultat de l’empilement des coulées basaltiques rabotées par des glaciers. Le paysage se partage en zones tourbeuses, forêts, lacs et… prairies d’herbes parfumées. Nous sommes au royaume de la blonde vache d’Aubrac, dans l’étage des estives où s’oublient les burons et les drailles jonchées de blocs, troué de pitons basaltiques délabrés saturés de murets. C’est la Domerie d’Aubrac qui a façonné durant tout le Moyen Äge la région ». Notre guide nous fait entrer dans un buron « pur jus » avec tous les outils nécessaires au « Cantalès » , « pastre », « bédalier » et « buronniers » durant l’estive. On écoute… comment l’Aubrac a imité les producteurs du Cantal en construisant au milieu des « montagnes » des vacheries en pierre, ces fameux burons destinés à la fabrication et à l’affinage des fourmes dans de bonnes conditions….
La pluie s’éloignant tout doucement, nous nous enfonçons en fin d’après-midi dans la forêt. Aurons-nous la chance d’écouter le brame du Cerf ? Dommage, la sortie est bredouille. Pas tout à fait car on a bien aimé cette balade aux couleurs d’automne, le frémissement des branches, le chuchotis et le silence… On a pu voir une vingtaine de sangliers se baigner dans la tourbe et puis, à la nuit tombée le frisson nous a envahit à l’idée qu’on pourrait se perdre !
C’est avec un « thé d’Aubrac » que nous levons le verre à cette belle journée !
Voir ici les photos de notre journée à la coutellerie et en compagnie de Christian, notre guide Hte Montagne.
Les valises sont vite chargées dans les voitures, et nous voici en direction de St-Laurent-de-Muret pour notre dernière randonnée du séjour.
A nouveau deux groupes de randonneurs.
Pour le groupe de Philippe, promenade bien agréable, ensoleillée autour d’un puech ou puy ou pic : le Pic de Mus.
Départ à St Laurent de Muret, joli village au bas du pic de Mus : une dizaine de maisons mais avec tout le confort : église à clocher pointu, mairie, école.
Itinéraire : circuit avec visite successive de Chantegrenouille, puis le moulin de Sinières, Sinières Planés, Chaldecoste, Taupinet, ascencion du pic de Mus, retour à St Laurent de Muret.
C’est un itinéraire valloné avec toujours de la vue sur le plateau d’Aubrac, des prairies, des bosquets d’arbres mi feuillus, mi conifères, des sentiers bien tracés, des ruisseaux, des champignons (ceps, rosés des prés, saint michel). Soleil, un peu de vent, air doux.
Repas en bas du village de Taupinet au milieu du chemin car tous les champs sont protégés par des fils de fer barbelé. Ces clôtures en barbelé se retrouvent dans tout l’Aubrac, sans doute pour parquer rigoureusement les vaches dans ces prairies à perte de vue. Les vaches qui paissent dans ces grandes étendues ne sont pas traites ; on imagine mal comment les éleveurs pourraient les rassembler tous les jours quand elles sont éparpillées dans des terrains si vastes. En fait elles nourrissent leurs veaux.
Les vaches qui permettent de faire du fromage (le fromage AOC Laguiole, par exemple) sont rassemblées dans d’immenses étables que l’on aperçoit près des villages. On marche mais on discute aussi, faut pas croire.
Et en haut du pic de Mus c’est l’apothéose et quasiment la fin de la balade et du séjour en Aubrac. Pays isolé, plateau de moyenne montagne avec
-un passé de voyageurs depuis l’antiquité, de pèlerins (passage de voies romaines, du chemin de St Jacques),
-un passé de brigands (qui suivaient déjà avec attention les cours des bourses),
-un passé de présence des moines (concentrés un temps dans la « domerie » d’Aubrac) protecteurs des pèlerins mais aussi et surtout vrais pionniers et gestionnaires de l’agriculture entre l’an 1000 et 1789
-un présent d’agriculteurs perchés sur de rutilants tracteurs rouges, d’entreprenants hôteliers ou restaurateurs qui rendent accessible et si charmante aux gens des villes cette belle contrée.
On monte dans le minibus direction Beaucaire via la plus belle autoroute de France et le plus beau et le plus haut pont du monde : le pont de Millau (343 m). (aujourd’hui ce n’est plus vrai car 2 ponts suspendus en Chine sont encore plus hauts : le pont du Beipan 565 m et le pont de Siduhé 496 m).
Merci Michèle, euh ! C’est quand la randonnée en Chine?
Le groupe de Michèle entreprend rapidement l’assaut du Pic de Mus sous un beau soleil et une fantastique lumière… qui nous permet d’apercevoir de beaux cèpes sur les bords des chemins. L’ascension du fait s’effectue sans aucun effort. Pour observer la région, il est intéressant de grimper au pic de Mus sur lequel se dresse une statue de Notre-Dame-de-la-Montagne, autrefois objet de pèlerinage. Du sommet la vue s’ouvre sur la Margeride, l’Aubrac, les Causses et bien sûr la campagne environnante que nous allons arpenter.
Après la montée, il faut redescendre, en bas nous quittons les passagers de la première voiture qui s’en retourne à Beaucaire, les autres continuent… à ramasser des champignons. Pourtant le paysage vaut le coup d’œil !
On continue ainsi jusqu’à traverser une route et continuer en longeant une forêt. On aimerait bien faire une pause mais l’accès à ce chimérique paysage est bien difficile à cause des clôtures qui empêchent tout accès aux forêts ou aux prés parsemés d’incroyables rochers. Nous en trouvons quelques uns sur le bord de notre chemin et c’est notre moment détente ! La panse bien tendue nous pouvons reprendre sur le chemin balisé « tour de l’Aubrac » avant de redescendre à St-Laurent-de-Muret, petit bourg de 160 habitants à plus de 1100 m d’altitude qui a été, jadis, un prieuré de la collégiale de Marvejols.
L’autre groupe nous rejoint un peu plus tard et… les passagers prennent place dans les véhicules avec l’aire du Pont de Millau comme destination.
Après une petite grimpette pour admirer l’œuvre de Norman Foster, prendre une dernière spécialité du pays et nous reprenons la route jusqu’à Beaucaire pour arriver en fin de journée.
Un peu flagadas à l’arrivée, oui… mais tant de belles images peupleront nos rêves de la nuit… à moins que ce ne soit les poêlées de cèpes qui nous mettront dans un état second !
Voir ici les photos de notre randonnée « Le pic de Mus ».