Voir ici les photos de notre journée à Salon-de-Provence
Même si le chauffeur du bus laisse entendre qu’il y a des retardataires, nous sommes tous à l’heure au rdv fixé sur le parking de l’armée de l’air à Salon-de-Provence.
Le « tracteur » démarre et nous voici à l’intérieur de l’enceinte militaire pour rejoindre un hangar.
Là, un beau jeune homme nous reçoit. Un peu timide, charmant, gentil… On écoute avec attention : le sujet est la voltige aérienne.
Il nous présente son avion : l’Extra 330. Cet avion a une envergure de 7.50 m, il pèse 590 kg (ce qui permet un déplacement facile au sol à 2 personnes), le moteur est un 6 cylindres/330 cv, la vitesse est de 406 m/h max, le réservoir peut contenir 224 l (mais en général il n’est rempli que pour le temps de vol prévu).
Notre jeune commandant nous raconte qu’en voltige aérienne on retrouve un phénomène physique lors de la réalisation des figures : le facteur de charge. Appelé plus communément les G+ et les G-. Il s’agit d’une conséquence de la force centrifuge qui s’exerce lorsque l’avion décrit une courbe serrée. Cela se traduit pour le pilote par une pression qu’il va subir lors de la manœuvre. En G+, le sang descend vers les pieds, le pilote peut alors voir son champ de vision rétrécir (voile noir) ou à l’inverse, en G négatif lorsque le sang afflux vers la tête, un voile rouge apparaître. (Ex : si le pilote pèse 80 kg et encaisse 10 G+ la pression exercée et ressentie sera de 800 kg durant quelques secondes). Ouh là là !
L’équipe militaire de Voltige de l’Armée de l’Air de Salon se compose de 17 militaires. Elle réunit un échantillon des différents métiers de l’armée de l’air et de l’Espace : pilotes, mécaniciens, agents d’opérations, photographes et communication. Les pilotes de voltige de l’EVAA sont classés sportifs de haut niveau. Ils effectuent 1 à 2 vols par jour tout au long de l’année. Chaque vol dure entre 15 et 20 mn. Issus de spécialité chasse, transport ou instruction, ils ont pratiqué la voltige aérienne dans le civil auparavant ou apprennent la discipline en entrant à l’EVAA.
La Voltige Aérienne est une discipline qui consiste à réaliser des figures artistiques très techniques nécessitant une maîtrise parfaite de l’avion. A l’instar du patinage artistique, le voltigeur crée sa propre chorégraphie et effectue un enchaînement de figures devant un jury ou un public dédié. Outre des figures codifiées lors de la compétition, l’armée de l’Air et de l’Espace a confié plusieurs missions à l’EVAA.
Nous sommes charmés par les explications de notre pilote qui n’est moins que le Commandant de l’EVAA, Pilote de chasse, compétiteur international de voltige qui compte 3300 heures de vol, mais surtout il est Champion du monde individuel et par équipe, champion d’Europe individuel et par équipe, Champion de France, « Excellence » et biplace. Il sait de quoi il parle !
Même si nous sommes quand même titillés par quelques petits bricolages : une ficèle sur le triangle de voltige et… une bouteille d’eau en plastique pour recueillir les huiles !
A la fin de la présentation nous pouvons échanger avec lui, poser toutes les questions.
Il est rejoint par un autre pilote tout aussi charmant…
Nous sommes invités à reprendre notre « tracteur » pour rejoindre un autre hangar : c’est une Capitaine de l’Armée de l’Air qui nous reçoit pour nous présenter la Patrouille de France. Dans un premier temps, nous sommes devant le fameux Alphajet, l’avion avec qui les pilotes, chaque année, mettent aux points de nouveaux enchaînements pour continuer d’impressionner et d’émouvoir ceux qui regardent la Patrouille de France évoluer dans le ciel.
L’Alphajet est réalisée conjointement par les sociétés Dassault et Breguet (il a effectué son premier vol à Istres le 26.10.1973). Cet avion s’est révélé très manœuvrant et ne présente aucun problème aux vitesses transsoniques. C’est un petit biréacteur très performant : il décolle en 700 m, atteint Mach 0.86 à 15 000 m, est parfaitement adapté à la formation des pilotes de combat de nombreuses forces aériennes. Il est peint aux couleurs du drapeau de France et on lui a retiré le nez pour fixer le conteneur canon, permettant de laisser dans le ciel un panache tricolore.
Un mécanicien nous rejoint pour nous décrire le fonctionnement du siège éjectable.
Notre Capitaine nous raconte… Notamment que la Patrouille de France est composée non seulement de pilotes d’élite, mais aussi de mécaniciens dont le travail symbolise l’excellence et l’expertise de l’aviation militaire française. 10 appareils sont disponibles tous les jours et chacun a une spécialité : armement opérationnel, mise en œuvre des nacelles, des sièges éjectables, équipement pyrotechniques, l’électricité de bord, les moyens de communication, les systèmes de propulsion etc… En fait l’ensemble des spécialistes contribuent à conférer à la Patrouille de France une complète autonomie.
La « patate » nous est détaillée et on apprend ainsi que trois nouveaux pilotes intègrent l’équipe chaque année. Ils doivent chacun justifier d’au moins 1500 h de vol et obtenir de la qualification de chef de patrouille avant d’intégrer la Patrouille de France aux postes de charognard, intérieurs gauche et droit…
Question subsidiaire : dans l’équipe de chaque avion, qui choisit qui ? En fait c’est le mécanicien qui choisit son pilote et non l’inverse !
Pour avoir les présentations que nous pouvons voir à la télévision où lors de meeting il faut un entraînement intensif qui s’effectue durant l’hiver (6 mois : d’octobre à mai) par trois ou deux vols quotidiens. Chaque année un nouveau « spectacle » est mis au point et la série de figures finalisée est présentée au Chef-d’état-major de l’air qui valide la démonstration de l’année.
N’imaginez pas que les pilotes se prélassent sur leur canapé : un entraînement sportif quotidien leur est imposé pour permettre de subir les accélérations qui varient entre -3 et +7G au cours de l’enchainement des figures…
Ayant assimilés tous les renseignements qu’on nous a donnés… il ne nous reste plus qu’à admirer la création artistique de l’année 2022 qui commence toujours par une première partie qui s’intitule « le ruban » qui est symbolisée par les fumigènes des 8 Alphajet… figures très esthétiques comme le « Canard », la « Flèche », le « Croisillon »…
Et la « synchronisation » est le second temps fort de la démonstration : ce sont des évolutions en groupe de 2, 4 ou 6 avions. Dynamisme et figures percutantes !
Les pilotes sont sympas ! Pour nous ils en rajoutent… La démonstration est plus longue. Nous on profite de ces instants magiques et très forts en émotion !
Il est déjà 15 h lorsqu’on arrive au restaurant…
C’est aussi le « tracteur » qui nous amène à la fabrique de savons Marius Fabre pour la visite avant de nous ramener au parking de l’Armée de l’Air pour reprendre nos véhicules et rentrer tous « ébahis » de notre journée !