Voir ici les photos de notre randonnée à Remoulins
Il fait frais sur le parking, nous attendons le dernier et nous prenons directement la piste cyclable qui nous amène au Pont du Gard. Pas grand monde, on en profite donc pour avoir des conversations bien animées.
Petit arrêt fleurette au niveau de l’accueil du grand site de la rive droite avant de traverser sur le Pont Pitot. Le Pont Pitot ou le Pont du Gard ?
Au début coulait une rivière, le Gard. On l’appelle pourtant le Gardon. Pourquoi n’appelle-t-on pas le Pont du Gard, le Pont sur le Gardon ? Le Gard c’est le nom du département et le Gardon c’est le nom de la rivière.
N’entrons pas dans la polémique. Ce matin il fait une lumière splendide, on est heureux, on ne laisserait notre place pour rien au monde !
C’est au premier siècle que les romains ont édifié un fameux aqueduc pour conduire les eaux d’Uzès jusqu’à Nîmes. Il leur a donc fallu construire ce pont-aqueduc pour franchir la rivière. Il n’y a jamais eu de pont routier. Mais alors, où marche-t-on ?
Au moyen-âge, pour franchir la rivière avec des mulets on commence par échancrer les piles du deuxième étage. Mais et l’aqueduc ? Il y a bien longtemps qu’il n’est plus utilisé… alors pourquoi ne pas l’utiliser en pont muletier ? Et puis, à chaque génération, on agrandit les échancrures. C’est plus facile pour les charrettes !
Mais ce n’est pas dangereux ? Bien sûr que oui. La stabilité de l’ouvrage romain est en péril. On va le réparer fin XVIIe début XVIIIe siècle : on consolide les piles et on construit des encorbellements qui prennent appui sur des avants becs. On peut toujours passer avec les chariots après ça ?
Il faut avouer la vérité, le plus raisonnable serait de construire un pont, un vrai pont. C’est vrai qu’il fallait faire un sacré détour pour traverser le Gardon, il fallait passer par le Pont St Nicolas-de-Campagnac ou, alors on utilisait un bac, mais seulement pour les voyageurs. N’oubliez pas que cette route était importante… il fallait se rendre à la Foire de Beaucaire !
C’est à ce point de l’histoire qu’intervient Henri Pitot, alors Ingénieur des Pont et Chaussées du Languedoc. Il étudie plusieurs possibilités et choisit, pour des facilités de fondation (les piles du nouveau pont seront sur du « roc ») et surtout parce que ce pont adossé au pont du Gard coûtera moins que s’il avait été fait à Remoulins, de construire le pont sur lequel nous marchons.
A noter qu’Henri Pitot (1695/1771) est né à Aramon et est surtout connu pour avoir inventé le tube de Pitot qui sert à mesurer la vitesse des fluides.
Donc, comme je vous disais, nous passons sur le Pont Pitot…. pour rejoindre la vue panoramique sur la rive gauche. Nous admirons, nous dissertons sur de beaux souvenirs, nous clignons des yeux car nous avons le soleil en face.
On continue en suivant les ruines de l’aqueduc jusqu’au Pont Roupt où nous faisons demi-tour par le sentier « Mémoires de Garrigues ». Très difficile d’avancer : trop de panneaux explicatifs à lire !
Nous repassons sur le Pont Pitot pour revenir sur la rive droite, monter les escaliers dessous le pont-aqueduc et faire un aller-retour vers l’autre point panoramique. Cette fois-ci, c’est bon, la lumière est parfaite, nous n’avons plus le soleil dans les yeux.
On retrouve des ruines de l’aqueduc à Combe Roussière. On réfléchit longuement sur le tracé de cet aqueduc dont le terminus est au Castellum de Nîmes. Ici, à notre avis il y a pas mal de boucles ! (Voir ci-dessous sur la carte comme on avait bien intuité !)
Maintenant on a plus qu’à se laisser guider par la large piste qui passe sur le plateau du Sablas, continuer vers la Grotte de Sartanette où des panoramas grandioses nous interpellent : St Bonnet du Gard, Ledenon et son château, le château de Montfrin, celui de Beaucaire et… de Tarascon. Toute la vallée du Gardon est à nos pieds !
Toutes ces découvertes, ces visites, ces lectures, ces kilomètres, on quand même a été à 11h30 aux voitures, heureux, vraiment très heureux de cette belle balade ! A quand la prochaine ?
Cotation : 10 km – 300 m de dénivelé – 7 randonneurs.