Voir ici les photos de Françoise R. concernant notre randonnée au Beaucet.
Voir ici des photos.
Les filles, ce matin, sont moins dégourdies que les garçons !
Il faut que tout arrive un jour….
Ont-ils eu le temps de boire leur café accompagné de croissants ?
Bonne humeur quand tu nous tiens !
Néné nous invite sur des sentiers que nous ne sommes pas prêts d’oublier ! Magnifiques.
Une lumière !
Et ce beau ciel bleu à travers les feuilles devenues transparentes par le soleil !
Tout d’abord, du Beaucet, nous allons à La Roque-Sur-Pernes. La distance n’est pas loin, mais le voyage inoubliable. Par des restanques soutenues par des pierres puis des lacets nous montons pour avoir une vue imprenable sur la plaine de Carpentras et le Mont Ventoux.
Le petit village de La Roque sur Perne est visité avec bonheur : il a traversé l’histoire avec des épisodes de gloire, de ruine, d’abandon et de reconstruction. Accroché à son rocher et avec ses sources naturelles, la Roque sur Pernes était un bourg important pendant le Moyen Age. Ceinte des remparts, dominé et protégé par son château-fort, il possède une église romane déjà citée en 1065 et des belles maisons en pierre bâties en superposition. Se promener dans ces rues caladées et escarpées, c’est pénétrer dans le passé avec émotion. C’est par un escalier étroit qui mène à l’église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul, que nous apprenons l’histoire des Banatais de La Roque.
Il est temps de reprendre notre douce montée à Clapeyrouse où l’on fait un petit détour jusqu’aux ruines Les Juives avant d’admirer la grande borie, fameuse cabane en pierre sèche.
Nous poursuivons jusqu’à une autre borie à l’abandon où la pause repas est appréciée.
Une descente nous ramène dans le vallon pour rejoindre le hameau de Pérye, après avoir découvert quelques oratoires dédiés à St Gens. A une époque, lors de la fête de Saint-Raphaël à Monteux, une procession se rendait à la chapelle du même nom, puis, après des prières pour obtenir la pluie, les Montiliens plongeaient sa statue dans l’eau du ruisseau tout proche. Gens s’insurge contre ces pratiques païennes et brise la statue. Il est alors chassé à coups de pierres par les habitants de Monteux. Il part sans destination précise, simplement accompagné de deux vaches. Il se dirige vers Venasque et s’arrête finalement dans le val rocheux du Beaucet qui n’est alors qu’un désert sauvage et inculte. Il recherche la solitude, vit du travail de la terre et prie pour la conversion des Montiliens. Un jour, un loup dévore une de ses vaches. Gens apprivoise la bête et l’attelle avec sa dernière vache. C’est son premier miracle. Pendant ce temps, à Monteux, pas une goutte d’eau. La mère de Gens part le chercher. Il refuse tout d’abord de revenir dans sa ville natale mais, après avoir prié, décide de la suivre. En chemin, sa mère lui demande à boire. La légende dit que Gens, de l’index, fit alors jaillir de l’eau et du vin du rocher situé à la limite du vallon. C’est son deuxième miracle. Après que sa mère lui ait demandé d’assécher la fontaine de vin, qui serait source de malheur alors que celle d’eau est bienfaitrice, Gens retourne à Monteux et, après une procession autour de la ville, la pluie tombe. C’est son troisième miracle.
Nous, pendant ce temps, toujours illuminés par cette belle lumière, on rejoint La Pelade (terre mise à nue). On descend encore sur un ancien chemin caladé au Degoutaïre (source qui coule goutte à goutte) avant de sortir des entrailles de la Terre au Barry (rempart) et remonter vers le château du Beaucet. Il était une forteresse stratégique depuis 1160 connu sous le nom de « castrum de Balcio » et marquait la frontière entre le Comté de Forcalquier et le Marquisat de Provence. Il servait surtout de caserne aux garnisons de soldats. Il possède quatre tours crénelées, des habitations, une salle de garde et une prison. Ce qui lui permet de résister notamment aux attaques des troupes réformées, qui dévastent en 1573 la chapelle Saint-Etienne, située hors les murs. Très dégradé malgré tout à la fin des guerres de religion, le château a fait l’objet de diverses restaurations. Il a été certainement agrandi et restauré mais en 1783, la foudre s’abat sur le château. Attisé par un vent violent, un incendie se déclare et le ravage totalement. Tout brûle. Ne subsistent que des ruines, encore visibles de nos jours : quelques remparts et pans de murs, des traces du pont-levis et du fossé ainsi qu’un escalier, suspendu sur arc et taillé dans la roche, pour rejoindre le village. La harpe en pierre sur l’esplanade est une œuvre du sculpteur René Küng, qui en a fait don à la commune du Beaucet en 2015.
Il ne nous reste plus qu’à découvrir le village du Beaucet… on traîne un peu les pieds ! Loin du monde actuel, on est subjugué de découvrir ce petit village amarré à sa falaise, blotti sous son château comme implorant sa protection tutélaire. Le Beaucet est un village dans lequel on se promène lentement, en flânant. On s’y balade le nez en l’air, on y sent tout le poids du minéral, façonné par nos anciens. Nous sommes au Paradis.
Cette journée restera dans nos mémoires pour sa belle lumière, ses beaux sentiers bordés de pierre et de mousse, ses beaux villages et… aussi notre bonne amitié !
Merci Néné pour cette superbe journée.
Cotation : JB2 – 12 km 420 m dénivelé – 7 randonneurs (Néné, Charles, Michèle E., Michèle N., Martine L., Françoise R., Eliane).
Les Banatais de La Roque :
Ces Banatais sont des Français de Lorraine, d’Alsace et de Bourgogne qui, de 1717 à 1790, qui ont quitté le royaume sur l’invitation de l’empereur d’Autriche Charles VI, puis de Marie-Thérèse et de Joseph II, pour coloniser la région du Banat de Temesvar, située dans la partie hongroise de l’Autriche. Très vite ils se révélèrent des colons remarquables, transformant ce qui n’était qu’une étendue sans fin de marécages en grenier à blé de l’Europe centrale. Conservant leur unité ethnique, leurs traditions de foi et le souvenir de leurs origines, ils prospérèrent. Ils étaient plus d’un demi-million à la veille de la dernière guerre.
En 1918, leurs députés, venus à Versailles, avaient demandé aux puissances alliées que le Banat devienne une nouvelle Lorraine sous la dépendance de la France. Mais le traité de Saint-Germain divisa le pays entre la Roumanie, la Yougoslavie et la Hongrie. En 1940 beaucoup de Banatais furent obligés de s’enrôler dans les armées allemandes. A partir du 21 juin 1943, toute rébellion contre les enrôlements fut punie de mort. Puis, à partir de 1944, les Russes, nouveaux occupants de ces régions, prirent à leur tour des mesures contre les Banatais, qui furent massacrés, fusillés ou déportés. Le travail de deux siècles était anéanti.
Combien étaient-ils lors de leur départ au XVIIIe siècle ? On ne sait. On sait seulement qu’au Banat ils reçurent par famille une maison, 16 hectares de terres, des instruments agricoles, des chevaux, du bétail et une exemption d’impôts pendant vingt ans. On sait aussi qu’il en mourut quarante mille.
Combien, à partir de 1945, reprirent en sens inverse le chemin de leurs aïeux, abandonnant leurs morts et leurs terres ? Environ quarante mille. Ils se concentrèrent autour de Colmar, La Roque sur Pernes où ils restent encore nombreux, occupant surtout des situations artisanales. D’autres gagnèrent les États-Unis, le Canada, l’Australie…