Voir ici les photos de notre randonnée à Beaucaire/Vallabrègues
Voir ici des photos du Mausolée de l’île au Comte reconstitué par le Musée Auguste Jacquet
Ce matin nous sommes réunis pour découvrir l’île du Comte et l’île Vanel. D’emblée on se sent bien sur ces sentiers où les fleurs d’acacias et d’aubépine embaument l’air : même avec nos masques ont sent leur doux parfum !
Ces îles nous font rêver !
Elles appartiennent à l’ancien (très ancien) territoire de Vallabrègues où les vanniers venaient y récolter l’osier pour tresser leur panier. Le nom des îlots était presque toujours assorti d’un patronyme qui correspondait au nom ou au surnom d’un vannier qui, le premier, sur cette terre nouvellement émergée a exploité l’osier, soit par une occupation spontanée, soit par amodiation*. En général ce sont des « îlots » qui sont ainsi nommés (comme l’îlot du Zouave ou l’îlot du Gris) mais, le patronyme prend général la forme féminine, donc une île, lorsqu’un îlot est bénéficiaire d’un apport nouveau d’alluvions. C’est ainsi qu’a été nommée l’île Vanel (l’Islo Vanello) que nous atteindrons au bout de notre promenade.
Pour l’instant nous sommes tous heureux de nous retrouver, les zygomatiques sont en séance de gymnastique et dans ce cadre bucolique l’humeur est au bonheur de savourer le temps qui passe mais aussi, aux projets de demain lorsqu’on retrouvera notre liberté.
Sur l’île du Comte nous scrutons les abricots : gelés ici aussi !
L’île du Comte nous dit bien quelque chose à tous !
Mais oui… ici ont été retrouvés au XIXe siècle des fragments d’un mausolée du 1er siècle av. J.C.. Ce mausolée serait composé d’une haute base, surmontée d’une cella qui abritait les statues d’un homme, d’une femme, d’un adolescent et d’un enfant. Il était coiffé d’un toit pyramidal orné d’écailles. Au musée Auguste Jacquet de Beaucaire on peut voir une maquette qui restitue le mausolée à l’échelle 1/10e… (cf. photos).
On papote encore, on rigole mais tout en marchant on rêve aussi à Vincent, le petit ami de Mireille dans le roman de Mistral. Il était vannier et tout naturellement il était des ces îlots. « Un jour qu’èron… pèr orto, émé si long frais de redordo… » (Un jour qu’ils allaient… par les champs, avec leurs longs fagots d’osier…). On imagine les deux vanniers de Vallabrègues qui vont travailler au Mas des Micocouliers, domaine du père de Mireille. Maître Ambroise le père, et Vincent le fils. Ainsi se noue l’action du poème de Frédéric Mistral. Il s’achève au douzième chant sur la mort de Mireille, aux Saintes, sur les chemins du Paradis. Quand Vincent le vannier témoin de l’agonie de sa bien aimée «Coume torson li redorto, à la desesperado… tourseguè si poung » (Comme on tord les harts d’osier, en désespéré, tordit les poings )…
Mireille, Vincent, amoureux malheureux du chantre de la Provence, et nous qui marchons le long du Rhône sauvage et qui parfois allons « nulle part »… On écoute le chant des oiseaux et des grenouilles, on essaye de deviner le nom des échassiers dans les lônes, on trouve celui de la fleur jaune : l’urosperme (qui est une chicorée amère)…. et, on vous l’assure : on est heureux de marcher ensemble ce vendredi matin par ce beau soleil presque estival !
Cotation : DJA1 – 8.9 km – 93 m dénivelé – 9 randonneurs (Martine, Betty, Monique, Jocelyne, Christian, Jean-Marie, Michèle E., Philippe, Michèle N.)
Amodation : Mode d’exploitation agricole dans lequel le propriétaire de la terre concède l’entreprise à un tiers en échange de prestations en nature et, accessoirement, en argent.