Voir ici une émission de télévision concernant le site de St Blaise
Article du journal Le Monde
Voir ici les photos de notre randonnée à St Mitre les Remparts
Voir ici les photos de Françoise
Voir ici les photos de Marie-Jeanne
Nous voici ce matin sur le parking de St Blaise dans une ambiance « rose ». La brume et les étangs sont roses… sans parler de notre moral au beau fixe.
Nous sommes d’emblée interpellés par cette jolie Chapelle qui surplombe l’étang de Citis. Située sur ce plateau rocheux de Castillon la chapelle se trouve hors des murs de l’antique cité de St Blaise. Elle est construite sur les fondations d’une chapelle antérieure. C’est une chapelle romane provençale typique qui portait le nom de Notre-Dame de Castelveyre à qui l’on a donné le nom courant de St Blaise.
A l’intérieur, on remarquerait, si on l’avait visitée, des arcs légèrement brisés et des arcs en berceau en plein cintre. Un oculus et une ouverture dans le chœur qui maintient l’intérieur dans la pénombre. Aujourd’hui désacralisée, elle n’a plus de cloche mais a conservé un mobilier réduit à quelques bancs, un autel en pierre, des images pieuses, une statuette de N.D de Vie et deux crucifix. La tombe de l’archéologue Henri Rolland qui a travaillé sur le site de 1935 à 1970, date de sa disparition, se trouve au pied de l’autel. Il est à noter qu’il a été également archéologue en chef du site de Glanum
On tourne, retourne puis on prend enfin le sentier avant de s’arrêter presque aussitôt, interpellés par un archéologue qui travaille (et apparemment il a beaucoup à faire) sur le site de St Blaise. Cet Oppidum, nous raconte-t-il est un site archéologique majeur en Méditerranée occidentale qui fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques. Il est situé dans un environnement majestueux et des plus chargés d’histoire de toute la Provence et qui, avec le sel tiré de ces étangs, a vraisemblablement été la raison initiale de sa fondation. Il nous parle plus particulièrement de l’enceinte hellénistique qui renforce les défenses naturelles offertes par le site. Les plus anciennes traces d’occupation humaine remonteraient au VIIe siècle av J.-C., avant même l’occupation de Marseille. Sur cet oppidum celto-ligure, les Étrusques ont créé au VIIe siècle un comptoir et entrepris le commerce du sel recueilli sur place. La cité a connu une grande prospérité à l’époque étrusque et grecque. Elle produisait alors un sel de qualité. Elle a été un moment la concurrente de Marseille. Les derniers habitants ont délaissé la vieille cité en 1390, pour s’installer à Saint-Mitre.
Heureux de ces explications nous nous longeons les remparts et poursuivons notre chemin le long de la clôture, à travers une nature… chaotique. Ici la forêt a brûlé l’année dernière.
On tombe alors sur un lieu hors du temps, on ressent tout de suite un frisson, comme si un esprit y veillait. La garrigue renaissante jonche d’anciennes sépultures. Sculptées dans la pierre, ces nombreuses tombes rupestres seraient de la période tardo-antique (Ve siècle). Elles ont été installées dans une carrière de calcaire après qu’elle aient été creusées pour construire la cité.
Nous poursuivons dans ce pays de zombie pour contourner l’étang du Pourra. C’est une étendue d’eau temporaire. Aujourd’hui on espère y voir beaucoup d’eau après les pluies diluviennes d’hier. Malheureusement ce n’est pas le cas ! C’est dommage car, en principe, cet étang fait le bonheur de nombreux oiseaux, notamment des flamants roses, hérons, Aigrettes, divers espèces de canard, foulque macroule, busard Saint-Martin et beaucoup d’autres oiseaux dont le nom nous échappe. Beaucoup d’amphibiens se reproduisent également dans cette zone humide protégée par des ganivelles : le Pélobate cultripède, rarissime, et le Pélodyte ponctué.
Nous remontons sur le plateau de Castillon avant de faire notre pause repas… Une délicieuse « fougasse d’Aigues-Mortes » confectionnée par Daniel circule accompagnée de chocolats. Au lait ou noir ?
Un peu plus loin on trouve un vaste espace dédié au pique-nique avec une multitude de tables. Dommage. La prochaine fois on saura s’y poser, en attendant on peut profiter d’une vue panoramique sur l’étang du Pourra et St Mitre les Remparts.
On s’enfonce maintenant dans un sentier bien ombragé. Le feu n’y est pas arrivé. La combe paraît profonde mais en fait on surplombe l’étang de l’Engrenier avant de rejoindre l’étang de Lavalduc tous deux bien roses des eaux salines.
On se pose la question de savoir si le canal que l’on suit ne ferait pas partie des Fosses Mariennes. Ces Fosses constituent un canal antique artificiel creusé pendant l’hiver 103 à 102 av. J-C. par les troupes de Marius permettant de contourner l’embouchure du Rhône, dangereuse et encombrée d’alluvions. A cette époque Arles n’est qu’à une vingtaine de km de la mer et la navigation primitive emprunte un ancien bras du Rhône aujourd’hui disparu.
Le général romain Marius était venu dans la région en 104 av. J.-C. pour protéger l’Italie des Cimbres et Teutons qui ravagent la Gaule et l’Espagne. Marius, avec 30 000 hommes stationnés probablement à la Montagnette au nord-est d’Arles (ou autre hypothèse, à l’extrême ouest du plateau de la Crau), doit attendre deux ans l’affrontement avec ces barbares.
On essaie de remettre en place cette histoire qui marque notre région puisqu’on trouve souvent lors de nos balades des traces de Marius et de ses 5 légions qui auraient, entre autres, construit ces Fosses Mariennes données à la ville de Marseille après la victoire de Marius à la bataille d’Aix.
C’est dans ces grandes discussions (très sérieuses) que nous rejoignons les voitures pour un retour assez rapide à Beaucaire où quelques uns continuent cette belle journée autour d’une « mousse » (moins sérieuse) en se souhaitant de se retrouver lundi pour de nouvelles aventures !
Cotation : JB2 – 11 km – 155 m dénivelé (mais beaucoup à découvrir !)