Villeneuve-lès-Avignon : La Chartreuse et le Musée Pierre de Luxembourg

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Il fait frisquet mais le soleil est au rdv de cette matinée où nous nous retrouvons sur le parking de la Chartreuse. Notre guide nous rejoint aussitôt : elle aussi est en avance, aussi impatiente que nous !
Très vite nous sommes devant l’entrée de la Chartreuse, du côté « des morts » où si vous préférez dans la cour des femmes où nous pouvons admirer le portail monumental surmonté d’un  pot de fleurs et de fruits qui représente des feuilles d’acanthe et des grenades.  Il a été déposé lors des restaurations de ce portail d’entrée effectuées en 1990-1991. En dessous, nous pouvons voir Innocent VI et St Bruno qui font des offrandes à la Vierge.
Innocent VI, dès son élection achète plusieurs parcelle adjacentes à son palais et fait construire le grand tinel et la chapelle St-Jean-Baptiste qu’il fera décorer par l’artiste italien Matteo Giovannetti peintre attitré de son prédécesseur Clément VI et de lui-même et dont on retrouve des vestiges de ses œuvres également au Palais des Papes.
C’est parce qu’il était en concurrence avec Jean Birelle, général des Chartreux, qu’Innocent VI fait venir à Avignon deux religieux de la Grande Chartreuse pour créer une nouvelle maison à Villeneuve-lès-Avignon. Il faudra quelques années pour construire le grand cloître (dit du cimetière) entouré de treize cellules de moines, le petit cloître, l’église mais aussi assécher les étangs, cultiver les terres qui s’agrandissent au fil des acquisitions.. D’environ 1353 à 1360 la chartreuse  se construit pour devenir une très riche abbaye qui pouvait distribuer régulièrement de la nourriture aux pauvres. Si les « pères » vivant en ermite dans leur confortable cellule ne travaillaient pas, ils se consacraient uniquement à des tâches de prière, d’étude,  de copie,  d’enluminure ou de leur jardin des « simples », les frères cultivaient le blé, l’orge, l’avoine, la vigne et faisaient aussi l’élevage du vers à soie.
Innocent VI a également fait construire une chapelle afin d’y recevoir son tombeau qui est aujourd’hui bien installé à sa place d’origine après de nombreuses vicissitudes…
Notre guide nous raconte tout cela avec passion en visitant les différentes parties de l’abbaye, dont certaines sont assez insolites comme la bugade où l’on lavait le linge qui était attenante à la prison. Une prison composée de 7 cellules ! Tant de pères que ça en prison ? En fait ce sont eux qui demandaient à y séjourner en pénitence ou par mortification. On lorgne par les lucarnes aménagées dans chaque cellule : effectivement  elles pointent vers un autel situé dans la chapelle à l’étage, ce qui permettait aux prisonniers de suivre l’office.
En déambulant dans les différentes parties de la chartreuse on se dit que chacune des cellules nous conviendrait bien pour y demeurer tous ensemble d’autant que le grand tinel est bien aménagé pour nos conférences !…
C’est en rêvant à notre vie commune qu’on se dirige vers le cloître St Jean situé à l’emplacement de l’ancienne cour cardinale. Ici il y avait encore douze cellules monastiques et une fontaine qui distribuait en eau l’ensemble de la chartreuse. Ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que le bassin a été couvert de l’édicule que nous découvrons aujourd’hui sous un beau soleil.
C’est dans ce cloître que nous trouvons la sortie. Déjà !.. On a vraiment pas vu le temps passer et on en a même oublié qu’il était l’heure de nous retrouver attablé dans un bon restaurant ! (Certains diront que ce n’est pas possible, et… pourtant !)
C’est à l’intérieur du Musée Pierre de Luxembourg que nous nous retrouvons tous pour une visite qui va en réveiller plus d’un !…
Dans la première salle deux statues, deux statues de vierge à l’enfant. C’est avec grande émotion que nous découvrons la première… Notre guide nous raconte qu’elle est en ivoire, sculptée dans une défense d’éléphant dont elle suit la forme et c’est donc la raison pour laquelle elle est penchée. Quelle merveille ! Qui a remarqué le petit dragon aux pieds de Marie ? Qui sourit de voir l’enfant Jésus jouer avec les cordons du manteau de la Vierge ?  L’autre vierge, en albâtre, ne manque pas d’intérêt : deux vierges, deux enfants dans la même statue !
C’est à la salle 3 que nous passons le plus de temps. Nous sommes installés devant l’original de l’œuvre d’Enguerrand Quarton. Claire-Lise nous avait parlé lors de sa conférence de cette œuvre et nous pouvons donc vraiment profiter de ce que nous raconte, Sylvie, notre guide du jour. Le Couronnement de la Vierge représente Marie au paradis… on y trouve Rome et Jérusalem avec des monuments de Villneuve et d’Avignon. Qui voit les anges du Paradis… et les démons de l’enfer ?
Cette œuvre exécuté pour la chapelle funéraire du pape fondateur à la chartreuse du Val de Bénédiction à la demande des moines,  envoûte le regard tant par le chatoiement des couleurs que par l’organisation de l’espace qui allie, en une même image, le paradis, le monde des hommes, les limbes, le purgatoire et l’enfer… Une vraie bande dessinée où l’on pourrait passer des heures.
Encore une fois le temps passe vite, après avoir passé presque une heure entière devant le Couronnement de la Vierge  nous allons découvrir les autres œuvre commandées  par les moines chartreux aux artistes les plus célèbres de leurs temps tels Simon de Châlons, Philippe de Champaigne, Nicolas Mignard ou Reynaud Levieux,  qui ont été capables de transcrire dans leurs œuvres la spiritualité cartusienne sans la trahir.
Mais une enquête est à poursuivre…. Mais pourquoi les beaux bustes reliquaires conservés dans l’armoire des chartreux ont disparus ? Les faits remontent à la Révolution française. L’armoire qui contenait un sacré trésor (statues en argent représentant la Vierge et des Saints, des bustes en vermeil, la croix de procession du Pape Innocent VI, le calice du Roi René en or pur et grenat, une relique de la Ste épine et… une pantoufle du pape) a été vidée par des commissaires chargés par les révolutionnaires de les envoyer à l’Hôtel des Monnaies de Montpellier pour y être fondus. Les moines ayant été priés de quitter la Chartreuse, le monastère a été vendu en 1793 et les habitants de Villeneuve s’y sont installés en le transformant en un quartier de la ville.
Aujourd’hui on a visité la chartreuse, et… aussi la précieuse armoire qui se trouve au Musée Pierre de Luxembourg !
Sortie  co-voiturage Visite  guidée du château de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon + visite guidée du Musée Pierre de Luxembourg  Prix : 5 €.