Voir ici les photos de notre randonnée à la Garde d’Adhémar
Nous retrouvons Yvette et Jacques à la Garde d’Adhémar que nous visitons en partie avant d’attaquer notre balade ! Du haut de son éperon calcaire, le village a gardé de sa structure médiévale les remparts, et des vestiges du château et des anciennes demeures on a un point de vue imprenable sur la vallée du Rhône et les monts du Vivarais.
On marche et on parle : que de choses à se raconter !. On parle et on marche en se rendant bien compte que l’on emprunte de ravissants chemins tous doux aux chevilles, bordés de pierres moussues et de chênes qui se parent de leurs feuilles d’automne.
Nous atteignons le mât des Rochettes en conservant une piste boisée puis en longeant des champs de lavande jusqu’à une très belle ferme. Nos conversations animées nous feraient presque oublier qu’il faut quitter cette piste pour prendre un petit sentier très caillouteux qu’il faut garder en faisant bien attention de ne pas prendre quelques sentes qui le croisent. Il a plu dans la nuit, les pierres sont glissantes mais le sentier s’adoucit et l’on prend un chemin bien barré par des troncs d’arbres. Est-ce bien là qu’il faut aller ?
Deux lacets forment un S, puis on passe à nouveau près d’un champ de lavande, on marche dans le lit d’un ruisseau à sec et là ! ?
Et là on se trouve dans le superbe site des ocres du Creux Rouge.
On en fait le tour.
Attention aux glissades !
C’est fantastique, on se trouve dans un mini Colorado provençal ! Mais ici on en croquerait… car on se retrouve dans une montagne de crème chantilly, ou.. de glace à la vanille avec un subtile mélange de sorbet à la myrtille. A moins que ce ne soit de la groseille, de la figue où de la fraise ! Quel Régal !
Quelquefois la boue colle aux chaussures mais les sentiers sont si beau… C’est qu’on en perdrait la parole en poursuivant notre cheminement n’est-ce pas ?
On rencontre un groupe de chasseurs qui nous fait dévier de notre chemin, mais pas question de louper les endroits indiqués par des étoiles sur la carte. On se dirige donc vers le Val des Nymphes !
Un bassin avec de belles carpes, une magnifique chapelle, une source bien mystérieuse, une résurgence… à moins que ce ne soit une exurgence, allez savoir !
On s’installe là, dans ce Paradis, au soleil, et nous attaquons notre pause déjeuner.
Le temps passe à une vitesse folle et pourtant on a pris le temps… oui bien le temps avec pause café et bien sûr la cérémonie du thé du dimanche !
Nous quittons cet endroit paradisiaque à regret (bien qu’on se promet d’y revenir Absolument !) pour poursuivre, toujours dans de belles forêts mais ici le sentier est longtemps bordé par des fragons très chargés en boules rouges. On a hâte d’aller visiter le jardin de Marie-Claire pour voir si ils poussent aussi bien qu’ici !
Ces beaux chemins nous amènent sans encombre au site des cuves lapidaires.
Elles nous intriguent.
Situées sur le rebord du plateau on découvre ces curieuses structures taillées dans la roche. Ce sont des cuves rectangulaires, plus ou moins profondes, en légère déclivité. Elles possèdent une évacuation au-dessus d’un petit cuvon ou d’une plateforme.
Aujourd’hui la garrigue étant dominée par des chênes verts de plus de plus en plus grands, il devient difficile d’imaginer les paysages anciens. Il y a plusieurs siècles pourtant les espaces proches des cuves étaient cultivés ou plantés en vigne tant sur les versants que sur le plateau.
Au XIXe siècle en pleine période romantique où l’on s’intéressait aux cultes gaulois puis encore au début du XXe siècle, elles étaient considérées, en Tricastin, comme des « tables à sacrifice » utilisées lors de cultes druidiques de l’époque gauloise ! Cette explication est complètement rejetée depuis longtemps par les universitaires, historiens de l’Antiquité et du vin.
Pourtant toujours dans ses dernières éditions les cartes IGN mentionnent encore à tort « pierres à sacrifices » car il s’agit en réalité de fouloirs rupestres à raisin qui permettaient d’extraire le jus de raisin par piétinement et de récupérer celui-ci dans des récipients (outres en peau, poteries ou tonneaux ?) pour le transporter vers une ferme et y effectuer la fermentation.
Ces fouloirs rappellent ceux que se trouvent dans les grands domaines viticoles du Haut Empire romain dans la vallée du Rhône (notamment à Beaucaire) et dans tout le bassin méditerranéen. Ces cuves rupestres sont implantées à proximité des vignobles et de l’habitat ancien, de l’époque romaine et du Haut Moyen Age. Leur utilisation a pu s’étendre de l’époque romaine aux XIIe-XIIIe siècles. Après l’abandon de l’habitat dans ces beaux bois et l’installation de la population dans le bourg castral de La Garde-Adhémar à partir du XIIe siècle, aucune cuve nouvelle ne semble avoir été creusée dans les bancs rocheux proches de ce nouveau lieu de vie. C’est que se répand alors l’usage de fouloirs en bois.
Maintenant il nous faut amorcer une longue descente pour rejoindre la Garde Adhémar. Une descente ? Mais le village est bien sur un piton rocheux !!! Effectivement il nous faudra bien monter pour atteindre La Garde Adhémar où l’on fait à nouveau un tour à la recherche d’un café pour prolonger cette belle journée.
Point de café, tout est fermé, on s’en retourne donc, chacun de son côté, avec des images fantastiques des paysages rencontrés au cours de cette incroyable randonnée où le bonheur de se retrouver une fois de plus, nous a offerts des souvenirs à garder bien précieusement !
Cotation : JB2 – 12.5 km – 305 m de dénivelé.