Château-Abbaye de Cassan – Pézenas – Abbaye de Valmagne.

Voir ici les photos de notre sortie dans l’Herault
Voir ici les photos de Brigitte H.

Nous arrivons au prestigieux Château-Abbaye de Cassan, à Roujan sans encombre avec Thierry.
Il pleut, mais cela n’a pas d’importance…
Nous suivons notre guide dans la cour et, sous les parapluies, les sourires s’illuminent : nous sommes déjà séduits par l’histoire qu’elle nous raconte et… La majesté des lieux !
En fait, il ne s’agit ni d’un château, ni d’une abbaye !
A l’origine c’était un monastère de chanoine donc géré par un Prieur…
Fondé le 12 mars 1080 durant la réforme grégorienne le prieuré de Cassan va connaître un grand développement puisque 80 Clercs y sont accueillis. Prisé par les pèlerins de Compostelle il va s’y adjoindre un hôpital-hôtellerie. Le détour vaut la peine car de nombreuses châsses et reliquaires enferment le trésor du prieuré : des reliques, notamment celle de Ste Marthe.
Sainte-Marie de Cassan a été aussi une nécropole illustre qui a accueilli, entre autres seigneurs de l’église et laïque, les vicomtes  de Béziers : Raimond Trencavel en 1167, Roger II son fils en 1194 et son illustre épouse , Adélaïde de Toulouse en janvier 1200, ainsi que leur fils, Raimond-Roger (pour ce dernier on n’en est pas tout à fait sûr). C’est la croisade des Albigeois qui a mis fin à cette nécropole dynastique.
Après son apogée au XIIe siècle le prieuré va connaître de nombreuses mutations :
.En 1216 Innocent III lui confère l’exemption et le place ainsi sous la protection directe du Pape.
.En 1268 Cassan se place sous la vassalité du roi de France qui lui confère une protection supplémentaire.
.En 1335 c’est Philippe VI le Bel qui lui accorde le privilège de protection et sauvegarde royales.
Malheureusement la peste noire de 1348, les routiers de la guerre de Cent Ans touchent Cassan durement. Il en reste plus que 40 chanoines en 1384.
Les guerres de religion s’annoncent et son déclin est amorcé malgré son rattachement à l’Ordre de St-Ruf et un essai  de rattachement à la fameuse abbaye de Ste-Geneviève-de-Paris.
La Commande y rattache Monseigneur François Fouquet qui n’est autre que le frère de Nicolas Fouquet, fastueux surintendant des finances de Louis  XIV.
Auprès des autres prieurs commendataires, profitant des énormes revenus du plus riche établissement du diocèse, les vieux bâtiments médiévaux sont rasés afin d’édifier un somptueux  bâtiment conventuel, plus proche d’un palais mondain que d’un monastère.
Il s’agit de ce majestueux ensemble architectural que nous pouvons encore admirer aujourd’hui.
Après la Révolution le Prince de Conti y abrite Marie-Claude Gauché, épouse Dailly, dite Mme de Brimont qui est sa dernière maîtresse. C’est ainsi qu’il devient le « château » de Cassan » où sa splendeur est rehaussée.
Après des déboires successoraux  il sera acheté par l’Etat pour être donné au Ministère de l’Education nationale. Une école des Arts Ménagers (pour jeunes filles, bien sûr !!) y fonctionne de 1946 à 1975. Monique a une de ses amies qui y a été élève ! Le Ministère de l’Education le donne au Ministère des Dom-Tom pour l’insertion des jeunes Travailleurs d’Outre-Mer. Depuis 1994 les bâtiments connaissent 3 propriétaires successifs et… il est en vente !
Victoria raconte bien…
Nous on apprécie chacun de ses recoins : herboristerie, cuisine, escalier d’honneur, salle à manger d’hiver, salle à manger d’été, salon de musique, chambre… et on est émerveillé par la façade ! Serions-nous à Versailles ?  Et ce pavillon dans le jardin ? La salle de billard. Etrange !
Sur le pignon l’église ruinée, sert aujourd’hui de salle de réception ou de mariage !
Quel voyage !
Après la Fresque de la Vierge Portière et son Archange, il nous faut rejoindre Thierry.
Qui va visiter Pezenas ? Qui va entrer dans un Restaurant ? Question subsidiaire :  qui fera les deux ?
Oui : tout le monde aime bien flâner à Pézenas.
La pluie a cessé depuis un moment et le soleil est bien présent, il fait bon.
Maintenant on file vers l’Abbaye de Valmagne.
Que de surprises !
L’abbaye de Valmagne est fondée en  1138 par Raymond Trencavel, vicomte de Béziers et confirmée l’année suivante par l’évêque d’Agde. Les premiers moines viennent de l’abbaye Notre-Dame d’Ardorel située dans le Mazamétain. Valmagne suit d’abord la règle bénédictine. Le fort développement de l’ordre cistercien amène cependant l’abbaye à demander assez vite, en 1144, son rattachement à Bonnevaux, fondation de Cîteaux.
À l’image de Cîteaux, l’abbaye de Valmagne connaît une époque de splendeur avec d’abondantes donations, qui font que la richesse de la communauté sera considérable.
Les premiers problèmes surviennent lors de la guerre de Cent Ans, époque du « grand malheur ». L’épidémie de peste noire dévaste la région en 1348 : de nombreux moines meurent, d’autres fuient l’abbaye. De même, le passage des grandes compagnies et autres mercenaires endommage Valmagne. Puis c’est la période des guerres de Religion…
Mais n’avons-nous pas déjà entendu cela ?
À partir de 1680, un nouvel abbé commendataire, le cardinal Pierre de Bonzi, archevêque de Toulouse et Narbonne et président des États du Languedoc, cherche à transformer Valmagne en palais épiscopal et à lui rendre son lustre passé.
En prélat bâtisseur, il dote l’abbaye d’un bel escalier d’honneur, rehausse le cloître d’un étage et crée un jardin à la française. En 1698, Bonzi cède l’abbaye à son neveu, Armand Pierre de La Croix de Castries (Tiens, tiens… mais nous connaissons ce personnage !). Toutefois, au début du siècle suivant, des travaux importants sont encore nécessaires dans l’église mais les moyens financiers commencent à manquer : l’abbaye est endettée !
Lors de la Révolution française, l’abbaye est à nouveau saccagée.
Elle devient bien national et est vendue en 1791 à M. Granier-Joyeuse qui transforme l’église en chai (cellier). Des foudres sont alors installés dans les chapelles latérales et axiales de l’église.
Avec la permission de l’Évêché , elle est rachetée par le comte de Turenne en 1838. Jamais revendue depuis, l’abbaye de Valmagne demeure désormais dans la descendance de cette famille qui se consacre elle aussi à la viticulture.
Nous entrons dans L’église.
Exclamations ! Grandiose…
Effectivement, quelles émotions lorsque nous entrons.
Notre guide nous explique qu’elle est de style gothique rayonnant, reconstruite à partir de 1257 sur les fondations d’une église romane devenue trop petite.
Elle fait 83 m de long et 23 m de haut.
Dimensions très hardies mais l’église est gracieuse et très impressionnante.
Nous entrons dans le cloître… Encore une vraiment belle surprise.
La galerie nord servait à la lecture et au mandatum tandis que la galerie orientale, la plus ancienne, ouvrait sur l’armarium, la sacristie, la salle capitulaire et le parloir.
La Salle capitulaire constitue une des parties les plus anciennes (XIIe siècle) et les plus importantes de l’abbaye. Son accès s’effectue, depuis le cloître, par un portail flanqué de grandes fenêtres doubles de chaque côté, le tout supporté par des colonnettes et des chapiteaux de différents types : feuille d’acanthe, feuille plate, feuille d’eau. Certaines de ces colonnes sont en marbre et proviennent sans doute d’une villa romaine préexistante.
De beaux vases du cardinal de Bonzi ont été placés entre les baies.
Le  lavabo se trouve devant le réfectoire (afin que les moines se purifient les mains avant de toucher le pain, symbole sacré). Une clôture octogonale avec une série de trois arcs de chaque côté, reposant sur des colonnettes jumelées, enserre une fontaine. La végétation, apportant de l’ombre au lieu en plein été, est supportée par une treille. Alimentée par la source de Diane, la fontaine déverse son eau pure de la vasque supérieure vers un bassin octogonal par quatre têtes de griffons.
Nous visitons le  réfectoire, avec de beaux vitraux et une cheminée renaissance, le caveau aussi…
Qui a parlé d’une dégustation ?
Que de sourires devant un verre de vin !
Quelle belle journée…
Dans le bus, de retour à Beaucaire, tous les Adhérents de La Culturothèque sont enchantés !