Sentier des ocres

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Ce matin direction Roussillon dans le Vaucluse. Nos petites randonnées n’ont rien à envier aux grandes et même elles sont si intéressantes que tout le monde veut en profiter…
Nous arrivons assez tôt et nous décidons de visiter le village d’emblée. Quelques raides montées mais la récompense est au bout, tout en haut du village, une table d’orientation nous offre de beaux panoramas. Rappelons que nous sommes dans un des plus beaux villages de France situé au cœur du plus important gisement d’ocre au monde. Les maisons sont toutes colorées et à travers les arbres on peut apercevoir ces collines aux étonnantes palettes de couleurs flamboyantes qui passent du presque blanc, au jaune d’or, rouge sang pour finir au violet foncé. Roussillon est un lieu magique, un lieu de rendez-vous bien animé… On parcourt les ruelles, les escaliers pittoresques qui rejoignent les différents niveaux, tous les coins et recoins en contemplant ces façades colorées.
Maintenant on suit le sentier qui  nous conduit  à la « Chaussée des géants » et au milieu des cheminées de fées, nous en voyons encore de toutes les couleurs… Si l’on sait que l’hydroxyde de fer se concentre pour former une cuirasse ferrugineuse semblable à celle des latérites africaines mais ces couleurs rouge, jaune, orangée de ces sables gardent encore une partie de leur secret. A moins ce ne soient le corps sanglant de Dame Sermonde* qui a coloré à jamais les terres de Roussillon : n’y a-t-il pas une source qui a jaillit où son corps a terminé sa course ?
Légende ou pas on se délecte de ces paysages fabuleux. Nous sommes heureux de ces retrouvailles dans cet endroit si impressionnant ! Les conversations vont bon train, mais nous marchons presque à reculons tellement nos yeux n’ont pas le temps de tout emmagasiner dans notre cerveau. Dans nos rêves les plus fous nous n’aurions pas rêvé de si beaux paysages !
Après cette visite nous nous installons pour notre pique-nique, tout aussi chaleureux et convivial avec de bons gâteaux qui circulent. Comme certains ont apporté du café, inutile de se rendre dans un estaminet pour en boire un. Nous décidons alors d’aller visiter le fameux pont Julien.
Le Pont Julien a été construit par Domitius Ahenobarbus, sous le Haut Empire entre 27 av. J.C. et 14 ap. J.C. C’est un pont dit en grand appareil. Autrefois, il était emprunté pour traverser la rivière « Le calavon » et poursuivre sa route vers Narbonne ou dans l’autre sens, vers Turin et Suze (là ou un groupe de randonneurs s’était arrêté pour manger des glaces !) en Italie. Aujourd’hui, il fait partie du riche patrimoine laissé par les romains en Vaucluse. Il s’agit d’un pont en pierre calcaire à trois arches, de 80 m de long sur 6 m de large. La chaussée y passe à 11,50 m au-dessus du lit de la rivière. Il a été en service jusqu’en 2005 et certains randonneurs se souviennent lorsqu’on y passait dessus en voiture.
L’architecture de ce pont est élégante, les trois arches en plein cintre, très large lui assure une solidité à toute épreuve.
On descend dans la rivière pour mieux l’apprécier et nous sommes plusieurs à remarquer un grand nombre de trous sur les faces internes des voûtes. Ces trous en ont intrigué plus d’un ! Certains pensent au retrait de crampons nécessaires pour consolider le pont, d’autres y voient l’oeuvre de pillards qui auraient ainsi récupéré les crampons de bronzes. D’autres encore pensent que ces trous servaient à la construction d’un barrage permettant la récupération de l’eau via un canal.
Notre jolie journée à Roussillon se termine ainsi… Qui va faire des rêves en couleurs cette nuit ?
Cotation : JA1 – 6 km – 100 m de dénivelé.
* La légende de Dame Sermonde
Dans des temps lointains, vivaient au château de Roussillon dame Sermonde et le seigneur Raymond d’Avignon. Ce dernier, grand chasseur, délaissait chaque jour sa femme, afin de parcourir les forêts.
S’ennuyant à mourir, Dame Sermonde fut enchantée lorsque un jour, Guillaume de Cabestan, fut engagé pour faire son apprentissage de bon chevalier. Elle se laissa séduire et ils devinrent bientôt amants.
Les familiers du château, se doutant de quelque chose, le rapportèrent à Raymond d’Avignon. Pour essayer d’en savoir davantage, le seigneur invita un jour Guillaume à une partie de chasse et lui posa la question. Pour ne pas trahir dame Sermonde, Guillaume lui dit qu’il était bien amoureux, non pas de son épouse, mais de la sœur de celle-ci, Agnès.
Dame Sermonde, piquée dans son amour-propre et indignée de la conduite de son époux, exigea de Guillaume qu’il avouât tout dans l’une de ses chansons. Guillaume s’exécuta et Raymond d’Avignon, apprenant la vérité, entra dans une fureur noire, et décida de se venger. Au cours d’une partie de chasse, il poignarda Guillaume et lui arracha le cœur.
Raymond d’Avignon revint au château, avec le cœur de Guillaume et demanda à son cuisinier de le préparer afin de le servir à sa femme. Ce qui fut fait au dîner.
Dame Sermonde s’en délecta jusqu’à la dernière bouchée, ignorant l’abominable chose. À la fin du repas, Raymond lui révéla qu’elle venait de manger le cœur de son jeune amant. Horrifiée, elle déclara : « Seigneur, vous m’avez offert un si bon repas que jamais je ne veux plus en goûter un autre » puis Dame Sermonde s’enfuit hors du château alla en haut du Castrum, et se jeta dans le vide.
Son corps sanglant se répandant sur les terres alentour les colora à jamais d’un rouge flamboyant et une source jaillit là où son corps termina sa course.